consommer local
Beaucoup de postulants à la yourte s'inquiètent
de son étanchéité sur le long terme.
En effet, de nombreuses déceptions ont terni l'attrait pour la yourte
de ceux qui en ont acheté une à un revendeur exportant de Mongolie.
La toile ne leur dure guère plus d'une saison,
ou d'une année dans le meilleur des cas, et sous cieux cléments!
On ne peut comparer le climat continental de la Mongolie,
doté de températures extrêmes,
sur un milieu, la steppe, ou il pleut très peu,
avec le climat tempéré de la France.
Les contraintes d'étanchéité en Mongolie
sont si largement inférieures aux notres
qu'il ne faut pas s'étonner que leurs baches ne résistent pas.
Les Mongols ont d'ailleurs develloppé
des moyens du bord efficaces pour leurs propres besoins:
ils enduisent leurs feutres d'une préparation spécifique
à base de lait de yack qui imperméabilise suffisament leurs toits,
en particulier pour la neige.
Sans m'étendre induement sur ma conviction qu'il faut,
en tout et pour tout consommer local,
je signale quand même que, si de beaux arguments
culturels et économiques de la part des revendeurs
cherchent à nous faire croire qu'ils aident certaines familles Mongoles
en leur fournissant du travail,
les milliers de kilomètres parcourus par les yourtes
pour arriver jusque chez nous alimentent
une pollution et une absurdité injustifiable!
Surtout si on tient à rester dans un minimum de cohérence et de respect
vis à vis d'un habitat qui a toujours signifié pour ses autochtones
sobriété et harmonie avec la nature,
juste milieu avec les ressources naturelles.
Sachez que le bois en Mongolie est rare.
Il est donc exporté de Russie.
Quand une yourte Mongole arrive en France,
posez vous la question si c'est bien honnéte envers la planête
de corroborer au transport en boucle des matériaux
qui composent cet habitat dont vous révez,
et dont j'ose espérer qu'il ne sera pas un nouveau bibelot,
un jouet de plus entreposé dans votre garage!
La mondialisation nous permet d'accéder à des savoirs ancestraux
dont nous pouvons nous inspirer
pour tenter de retrouver nos racines dans un monde dérégulé.
Mais nous devons être vigilants à ne pas confondre inspiration
avec plagiat impérialiste, marchandisation, profit sur le dos des plus fragiles.
Remarquez que la yourte,
qui a traversé intacte plusieurs millènaires,
pour arriver à l'ère nucléaire sans avoir bougé d'un iota,
a le dos solide!
Les Chinois, que tout le monde craint, démolissent les temples
et rasent les villages des peuples qui leur résistent,
mais ne sont jamais arrivés à bout des yourtes:
ils s'en sont tellement méfiés qu'ils ont édifié contre elles
la grande muraille de Chine!
Je ne serais donc pas étonnée lorsque
la multiplication des yourtes Francaises,
autoconstruites par des personnes engagées
dans le combat pour un autre monde, plus juste,
contre des valeurs établies écrasantes qui ne font qu'esclavagiser
et diviser derrière des barbelés en béton armé,
lorsque donc cette multiplication inquietera le pouvoir en place,
de voir les notables se dépécher de voter
des lois draconniennes contre l'habitat léger,
comme ils sont en train de le faire contre l'habitat nomade,
nous stigmatisant comme des miséreux et des marginaux.
Alors ils enverront leurs lieutenants,
choisis parmi les moins radicaux d'entre nous,
pour nous inculquer, sous la contrainte et la menace,
l'insertion obligatoire à leur ordre imposé.
Alors de grace,
ne faisons pas de la yourte un gadget de plus,
standardisé ethnique sur nos marchés,
mais le symbole de la force des humbles,
le symbole du respect de l'autre et de la nature,
et, à l'instar de ces petites mamelles blanches
posées joliement sur l'ondoiement de la steppe Mongole,
créons des yourtes là ou nous sommes,
d'ou coulera le lait des lendemains qui chantent!