fleur de TAO
Le Tao, c'est cet audelà de soi-même
qui régule le coeur de la vie personnelle
à partir d'une transcendance impersonnelle.
Le Tao se manifeste par une forte connivence éprouvée
entre des états intérieurs et des évenements extérieurs.
Quand le Tao s'exprime, l'être se sent lié à l'univers
par un réseau de connexions invisibles,
réseau qui matérialise dans les actes quotidiens, anodins,
les signes et symboles archétypiques.
Le Tao a ceci de commun avec Dieu qu'il est immense et puissant,
qu'il contient tout.
Avec le Boudha, le détachement et la compassion.
Avec l'homme, la necessité du sens et le cheminement.
Comme cette rose qui embaume toute la yourte,
le Tao pénétre partout ou les âmes sont ouvertes.
La rose ne fait rien, sa nature est de dispenser son parfum.
Toute son expression tient dans ce parfum.
Le Tao se manifeste quand l'être, attentif,
repose en lui-même, n'attendant rien.
Ou quand l'être, éprouvé par une crise,
n'oppose plus de résistances au changement,
laissant l'intensité émotive le vider de son insignifiance.
Le Tao survient à la rencontre d'une àme dépouillée des obstructions de l'ego,
quand le silence du mental laisse une bréche à l'émergence d'une autre dimension.
Alors quand la personne se lève, elle est levée.
Quand elle sort, elle est sortie.
Quand elle se met en action, elle est agie.
Le questionnement philosophique, intellectuel, religieux,
s'évanouit en même temps que l'opposition des dualités:
ce qui est dehors advient comme ce qui est dedans.
Tout ce qui arrive, tout ce qui est fait, semble limpide.
Emanant du Tao, d'une source qui posséde des informations synthétiques
que nous ne pouvons appréhender par la raison,
les évenements et les situations s'incarnent
sur le fil d'une synchronicité révélatrice.
Quand le Tao se révéle par cette symétrie synchrone
de l'interne et de l'externe,
la clareté qu'il procure laisse la conscience confondue
et l'âme totalement repue par l'imanence qui vient la visiter.
Dans l'espace sacré de la yourte, le Soi n'est plus
ténébreusement retenu dans le Moi qui le planque.
Le Moi trouve dans le cercle et le volume rayonnant de la yourte
un épanchement naturel vers ce qui l'englobe,
revenant au Soi dans la sécurité première de l'unité.
Comment parler du Tao de la yourte sans aborder la solitude,
la spiritualité et la connaissance de soi?
La solitude, c'est cet endroit écarté d'ou on a assez de recul
pour jauger la longueur, la largeur, la hauteur et la profondeur
du monde ou nous sommes d'ordinaire immergés.
Or, le vrai danger de la solitude, ce n'est pas l'exclusion et la marginalité,
c'est que dés qu'on l'accepte,
dés qu'on la laisse nous pénétrer de sa singularité,
elle nous introduit sur les chemins qui mènent
à la rencontre de notre vérité.
Désormais verticaux et insoumis à tout autre régulation
que celle éclose en soi-même,
comment ceux qui ne craignent pas leur propre compagnie
et ne fuient pas dans les distractions
peuvent-ils s'accomoder des vernis et conformismes sociaux,
des hypocrisies des pouvoirs oppressifs,
de l'hypnose utilisée comme moyen de soumission des masses?
Le vrai danger vient plutôt, dés lors, de la rancune tenace
de ceux qui ne réussissent pas à vous pièger.