explications de montage de la yourte SIHON
C'est dans le cadre du CIVAM,
centre d'initiative et de valorisation en milieu rural,
structure que j'ai particulièrement apprécié
lors d'un stage pour des femmes
ayant un projet de création d'activités en milieu rural,
que s'est déroulé ce montage de yourte..
Une journée printanière rassemble chaque année
les porteurs de projets et les agriculteurs bios de la région
impliqués avec les CIVAM.
Très conviviale, ces petites fétes autour d'un thème choisi
permettent de partager des expériences de terrains
tout en dégustant des produits de la ferme.
Cette année là, en 1999, le montage de la yourte
a rassemblé des personnes venant des quatres coins de la région.
En effet, rien ne vaut la participation à un montage
pour comprendre comment fonctionne la yourte.
On peut aquerir ainsi très rapidement un minimum de formation technique
et sentir très vite si on se sent capable
de se lancer dans une auto-construction.
Ce qui n'est pas vraiment simple pour moi,
car il n'est pas aisé de concilier la concentration aiguisée
que requiert un montage, avec la pédagogie formative
qu'attendent ceux qui, tout en désirant aider,
découvrent la yourte et posent beaucoup de questions!
Je rappelle que la façon dont j'ai procédé n'est que la mienne,
ce n'est pas ce qu'il FAUT faire,
c'est seulement ce qui a fonctionné pour mes yourtes.
Je ne suis pas une spécialiste pointilleuse:
de même que bien souvent dans mon métier de couturière d'art,
j'ai coupé et cousu main levée à l'intuition,
suivant rarement des patrons, de même pour les yourtes,
c'est l'esprit de synthése qui m'a guidé, à partir de ma réfléxion première.
Il s'avère que n'ayant pas reçu de yourte sur la tête
et y ayant vécu plusieurs années sans problèmes majeurs,
j'ai seulement respecté le principe de la yourte,
habitat traditionnellement travaillé par les femmes
avec des moyens rudimentaires.
Nous étions une bonne quarantaine ce jour là,
le montage a pris la demi-journée.
J'ai monté la même yourte seule en une journée quelques temps plus tard.
Arrivée donc le matin très tôt,
car des spectacles sont prévus l'aprés-midi dans la yourte.
Nous avons transporté la yourte Sihon,(5,20 mètres de diamétre),
fabriquée avec du bois de pin douglas, dans un combi WW,
isolation comprise, mais sans plancher.
Aprés avoir sorti les différents éléments,
je dispose sur le sol une bache ronde que j'ai marqué aux dimensions
de la circonférence des murs et de la couronne centrale.
J'ai prévu des marques pour l'entrée et les raccords des cinq treillis.
Le cadre de porte se place dans la direction choisie pour l'ouverture:
la tradition fait face au Sud. Là, ce qui importe,
c'est de converger vers la maison de pierre, local du Civam.
Les battants ouverts stabilisent la porte.
Les murs de treillis vont venir s'attacher au cadre
et se déployer sur toute la circonférence.
La difficulté consiste à égaliser la hauteur de chaque treillis
en concordance avec tous les autres:
il faudra parfois décaler l'un ou l'autre pour baisser ou élever le niveau.
C'est plus simple à plusieurs, si tout le monde a compris ce qu'il faut faire!
Ensuite, vient l'assemblage des treillis entre eux.
J'ai cousu des lanières colorées avec des chutes de tissu:
on les enroule autour des perches de douglas qui se chevauchent.
Puis vient le moment de déployer la ceinture de compression,
qui entoure toute la yourte et l'empèche de s'affaisser.
J'ai taillé cette ceinture dans des chutes de stores,
de même que celles qui boucleront les murs extérieurs.
Là aussi, il faut trouver le juste étirement,
trop lache et les treillis vont s'incurver, trop serré et tout se décale.
Les murs ajustés, nous retournons la couronne
pour y attacher d'une simple ficelle les deux mats.
Ceux ci serviront au levage et pourront par la suite être enlevés.
Les mats d'une yourte d'un diamètre supérieur devront rester en place.
Le levage de la couronne, qui pèse entre 15 et 20 kilogs,
(contre plaqué marine sur 8 cm d'épaisseur) est le seul moment
ou il soit necessaire d'être plus d'une personne à monter la yourte,
quoique des solutions de cales et de cordes existent pour le faire seul.
Mais le moment le plus délicat vient juste aprés quand,
alors que la couronne est arrivée à sa position haute,
les perches de toit doivent être enfilées
dans les 52 trous de l'anneau.
Il ne faut pas rester debout dans l'enceinte,
car, jusqu'à ce que la couronne soit calée
et tenue par au minimum huit perches équilibrées,
celles-ci risquent à tout moment de vous tomber sur la tête.
Cette possiblité existe tant que la couronne n'a pas trouvé
sa position définitive.
Une ceinture trop serrée fera monter la couronne plus haut,
une ceinture trop lache créera des écarts de rayons.
La seconde difficulté est d'ajuster le bon trou de l'anneau
avec l'intersection de treillis adéquat.
A plusieurs, une sinergie étonnante se crée jusqu'à ce que tout concorde.
Il est important de n'être pas trop directif à ce moment là,
les cafouillages, défaire et refaire plusieurs fois les liens des perches
par exemple, sont les meilleurs maitres de la situation.
On accroche les perches de toit, perçées d'un trou à chaque embout
dans lequel passe une ficelle suffisament longue pour bien serrer et nouer,
sur chaque intersection de treillis,
c'est à dire à environ tous les trente centimètres, dans ce cas là.
Cet écart est correct surtout pour des yourtes isolées:
le poids du toit ne doit pas faire goder les tissus entre chaque perche!
Quand toutes les perches ont trouvé leur place,
je déploie une nouvelle ceinture à l'intérieur
pour les solidariser toutes entre elles.
C'est en même temps une sécurité et une décoration.
Maintenant, on peut accrocher l'isolation intérieure sur les treillis:
là, j'ai cousu du patchwork coloré pour la gaité interne,
avec des tissus récupérés et assemblés soit en crasy,
soit en bandes et carrés.
Ce patchwork est matelassé sur de la ouate,
matière légère et chaude,
ayant l'avantage de laisser assez bien passer la lumière.
Des petites lanières tous les trente centimètres
permettent de lier cette couche isolante à la structure.
De même pour l'isolation du toit, cousue de la même manière,
patchworks sur la face interne,
matelassés sur des couvertures de l'armée.
Pour ne pas être dépassée par le poids des couches textiles du toit,
j'ai préferré deux grands morceaux en demi cone
se rejoignant sur une bande velcro ,
que l'on monte par la couronne,
pour l'étaler sur les perches par le haut et le bas.
La aussi des lanières s'enroulent autour de l'anneau
pour tenir l'ensemble.
Ensuite, on pose les murs externes en store,
en respectant les ouvertures,
avant de monter la bache du toit externe et de la déplier.
Il faut se repérer en commencant par l'ouverture de la porte,
car il est difficile aprés de bouger tout ce poids.
J'ai choisi là aussi un système portefeuille,
qui permet des variations selon l'évasement de la yourte.
La base du toit en store est cousu d'un revers
dans lequel passe une longue courroie
qui va ceinturer toute la yourte sous les perches de toit,
en s'ancrant dans le cadre de la porte.
D'autres ceinturages seront necessaires
pour coller les épaisseurs à la structure
et réaliser une cohésion imperméable ou le vent ne peut s'infiltrer.
On retrousse la bache de sol sous les murs,
en remontant assez haut, pour assurer l'étanchéité,
et on receinture.
La yourte est prête,
il ne reste plus qu'à lui mettre son chapeau amovible,
sanglé en huit points à la base du toit,
et à l'aménager avec de jolis tapis de lirette
pour y acceuillir tout notre petit monde enchanté.
ici, un spectacle de marionnettes.
il a plu dans la nuit,
mais la yourte est intacte le lendemain matin
pour une nouvelle journée de soleil.