Mdi-libre, article sur les habitats écologiques en proçés à Mende
Une manifestation est organisée aujourd'hui devant le tribunal de Mende pour protester contre une affaire de « construction sans permis de construire » sur la commune de Vebron. Le contrevenant, un homme de 34 ans, a érigé en 2004 sur un terrain lui appartenant une yourte sans demander aucune autorisation. Il développe depuis une petite activité agricole. La Confédération paysanne soutient le prévenu et entend faire valoir le droit à l'autoconstruction.
Si la construction d'habitats divers s'est "démocratisée" en Cévennes, le phénomène ne plaît pas forcément à la justice. Le tribunal correctionnel de Mende examine cet après-midi un dossier de « construction sans permis de construire », dixit l'infraction relevée à Vebron.
C'est un homme de 34 ans qui sera à la barre. Installé depuis plusieurs années sur la commune, celui-ci vit de l'agriculture. La Confédération paysanne, qui a pris sa défense, explique qu'il commercialise ses produits sur les marchés locaux et qu'il a mis en place un réseau de commerce équitable à Florac avec l'association Bio'jour. Que c'est donc « l'installation et le maintien d'un paysan qui sont menacés ».
Ce que la justice conteste, ce n'est pas son activité mais le fait que l'homme ait érigé, en 2004, « un habitat familial de type yourte », sans permis de construire. Une accusation qui a fait bondir le Collectif en Cévennes, qui s'était monté l'été dernier avec l'affaire de la destruction de la Picharlerie. « Cet été, c'est le squat de la Picharlerie qui était évacué manu militari puis rasé sur ordre du préfet, écrit le collectif, sur internet. Aujourd'hui, changement de stratégie : Éric (le prévenu) est propriétaire de son terrain, l'État passe donc par les tribunaux pour faire pression sur ce "terroriste" constructeur de yourte. Ailleurs dans les Cévennes, c'est encore la préfecture qui fait directement pression sur un propriétaire privé pour lui faire engager des procédures judiciaires contre des squatters. »
Ce dossier est donc, pour le collectif, un symbole. « Au-delà de ce procès, se pose de façon évidente - à travers la question de l'habitat - le rapport au droit et à la loi. Comment réagir pour pouvoir vivre dans le style qui nous sied, là où la place est libre ? Quels moyens utiliser - politique, juridique... ? Comment créer un rapport de force social, humain, politique pour y arriver ? »
Aussi, comme le groupe d'action La Yourte Nature, le collectif appelle à un rassemblement, ce jour à partir de midi, avec « ceux et celles qui ne sont pas d'accord avec l'attaque judiciaire et policière contre les autoconstructions », proposant d'entamer une réflexion sur les moyens de résistance à mettre en place « afin que les lois cessent d'être des obstacles à la réalisation de nos rêves ». C'est finalement un vrai débat de société que la justice lancera aujourd'hui.