Ode à l'époux du dedans
Quand je suis seule,
enfin tu es là,
car je ne suis seule
que pour être avec toi.
Toi qui fais battre mon coeur,
Toi qui m'a tout donné.
Quand je suis seule,
quand cesse l'agitation et la confusion,
je te trouves, au milieu de moi,
limpide, dans la lumière du coeur.
Maintenant que j'ai déserté
les endroits bruyants et bagarreurs,
je cours au refuge de tes bras immenses,
déployés dans l'envergure minuscule de ma vie.
Enfin libre des dépêches du monde,
j'offre aux violons de l'esprit
les cordes de mon âme, qui,
sous tes doigts parfumés,
célébrent la joie de ta présence.
Étincelle brisant l'obscurité
comme la bougie sur le guéridon,
jaillit de ton soleil immortel
ma vocation contemplative.
Prés de l'âtre où crépite le feu de mon ermitage,
muette, immobile, j' écoute glisser
les gouttes d'eau et les pattes du petit lézard
sur le toit de la yourte,
le hululement plaintif d'une chouette s'ébrouant de l'hiver,
ces sons familiers condensant le silence
d'où s'élève ta parole de vérité.
Blottie toute entière sous ton souffle puissant,
fatiguée d'escarmouches en sol trop peuplé,
honteuse de tentations futiles,
je reviens à la rencontre immuable,
en bout de résistance , là ou tu te tiens,
patient, émergent sous ma yourte d'une splendeur sans fonds,
avec ce cadeau que tu me fais depuis la nuit des temps,
ce cadeau qui m'enlève le besoin
d'un lieu extérieur où te chercher.
Je ne savais pas combien il fallait de solitude
pour se sentir aussi proche de l'amour.