jeunes des banlieues sous la yourte
Randonnée cyclo des jeunes des quartiers
hébergés sous la yourte.
Un super moment de mixité sociale au camp de yourtes.
Ils sont arrivés à une vingtaine en mob,
des jeunes entre quatorze et dix huit ans,
issus des quartiers et des cités de Nimes et d'Alès,
aprés une journée de randonnée cyclo
d' une centaine de kilomètres sur les routes cevenoles.
Ils ont bien rangé leurs engins en ligne
à l'entrée du Cantoyourte,
et passé le coup d'oeil étonné et ravi sur l'antre moelleuse
où ils allaient passer la nuit tous ensemble,
ils ont écouté sagement ma présentation
de la culture des yourtes,
posant quelques questions malicieuses.
Puis, pendant que les uns s'occupaient du feu
pour faire cuire les côtelettes et les merguez,
les autres vaquaient à l'entretien des motos.
jusqu'au paufinage expert...
C'était leur quatrième jour de rando mobylette,
ils commençaient à trouver leurs rythmes et leurs marques
entre eux et avec l'extérieur.
La fatigue et toutes ces nouveautés engendraient
quelques frictions entre garçons et filles,
quelques éclats de rires, de gueulantes, de recadrage....
Pas du même quartier, pas du même sexe,
pas la même hiérarchie, pas la même culture, et pourtant,
les éducateurs, dont j'ai pû admirer le formidable travail
d'animation, d'encadrement, de patience et d'adaptation,
ainsi qu' une organisation tout à fait remarquable,
réussissaient toujours à dompter les tensions,
sans exclure autoritairement quiconque.
Il est vrai que le cadre est rodé, les foyers ruraux du Gard
ayant inauguré ces vacances rallye cyclomoteurs de jeunes
depuis déjà cinq ans. Certains d'entre eux,
qui ont participé plusieurs fois à ces convois cyclos,
se forment maintenant comme animateurs, en prenant
des responsabilités d'accompagnement actif dans le groupe.
Le soir, les filles ont honoré la yourte de leur tenue de soirée,
et papotaient tranquillement avec leurs potes sur les couettes
pendant que les saucisses chauffaient.
Elles voulaient savoir si je n'avais pas peur le soir.
Quand les garçons se sont lavés les mains
avec l'eau de pluie du broc, au crépuscule,
ils remarquèrent avec une perplexité latente:
« Hey, c'est comme au bled! »,
puis me demandèrent de leur désigner
les points cardinaux, pour la prière...
Les rires des filles cascadaient parfois à contre courant,
surtout pendant le repas, et là,
quelques étincelles mirent le feu, émotionel,
dans plusieurs endroits éparpillés sur le camp:
quelques suceptiblités viriles amochées,
quelques larmes féminines, quelques gueulantes du grand chef,
la vie quoi, la vraie vie qui flambe à l'improviste
sans demander la permission....
Puis tout est rentré dans l'ordre au mitan de la nuit
pour un repos bien mérité sous la yourte.
Là, les pieds dans les yeux,
les genoux dans une colonne vertébrale enroulée,
les lunettes écrasées, les chewing-gums dans les cheveux,
les chaussettes introuvables, le CD de rap en catimini,
les roulades et les chipotages,
et tout ce que je ne saurais jamais, bien entendu....
Et le lendemain, tous levés à huit heures,
un conciliabule très sérieux entre chefs pour préparer la journée,
puis la transmission en réunion générale
de la répartition des taches, la distribution des satisfécits,
la confirmation des engagements des uns et des autres,
et à dix heures, ils sont tous remontés sur leurs mobs
vers une nouvelle découverte.
Tous les jeunes qui sont venus peu ou prou au camp
sont contents de trouver ici des repères différents
et me manifestent leur reconnaissance.
Ils se rendent compte dans la réalité que des adultes normaux
vivent une autre vie que celle de la télé et ça les fait réfléchir...
Quand à moi, je suis heureuse de pouvoir leur offrir,
en plus d'un bol d'air, un aperçu de la liberté d'esprit
qu'ils pourront conquérir
à partir de leur propre expérience de vie.
Merci à Magali et Vincent
de m'avoir fait partager ce riche moment!