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YURTAO, la voie de la yourte.
19 mai 2008

Ame nomade

Un jour qu'on est chez soi, alors que tout est toujours là,

assis

normal, tranquille, tel qu'on l'a laissé à la minute,

un instant on se retourne, et quand on revient,

que tout est toujours bien là, tout à coup,

on voudrait partir, tout laisser là en plan,

on sait que rien ne bougera,

objets même légers et souvenirs accrochés,

et d'un coup, on sait qu' on pourrait ne plus jamais revenir.

partir

Pourtant on n'a nulle autre part où aller,

rien de particulièrement prévu, nul imprévu justement,

tout_d_faire

quelque chose qui renverserait tout sans rien casser,

et on sait bien que c'est partout pareil,

toutes_pareilles

avec des maisons partout abritant les foyers humains,

partout_un_toit

on sait très bien qu'ailleurs

on risque de refaire comme avant,

avec seulement des formes un peu moins reconnaissables,

juste assez épaisses pour devoir s'appliquer

à les démêler dans un endroit sûr.

On le sait mais le vent souffle soudain dans sa tête

et déjà on entend claquer la voile du bateau

qu'on a pas encore construit.

surf_nouveau

Ce jour là, je suis chez moi,

avec ma yourte, mes fleurs, mes oiseaux et mon petit lézard,

yourtes_aux_iris

une femme heureuse qui n'a plus rien à prouver,

et d'un coup, cette femme là qui a pris congé du désir,

elle se retourne sur la place de sa vie

en se demandant avec stupéfaction

comment font les gens qui habitent toujours au même endroit

à voir toujours le même paysage.

paysage_barr_

Un jour, oui, ça arrive, on est bien chez soi

et l'on pourrait se reposer, jouir du travail accompli,

on regarde ses chaussures de randonnée,

tannées maintenant comme des pantoufles,

et la vérité qui arrive, en même temps que la satisfaction,

c'est l'envie de décoller, de claquer les talons

et de monter à cru un cheval sauvage.

  S'installer, non.

Ma faucille me démange, qui peine sur l'herbe haute,

et veut maintenant trancher mes piquets.

Voler combien de sans abris pour garer sa carcasse en sécurité?

Seulement chercher, là-haut sur la colline,

un endroit en friche à l'abri des regards,

perdu dans les fougères et les bruyères,

et recommencer à créer une bulle au milieu des bois

où loger un nouvel épisode de l'aventure intérieure.

Chaque fois qu'on monte, on s'allège,

chaque fois qu'on descend, où l'on jardine si bien,

on recommence à accumuler.

Ainsi je vais, traçant ma croix,

verticalement de la plage à la restanque,

de la falaise à la rivière,

et horizontalement de la rue au champ

et du bourg à la capitale.

Même si je sais que montagne et vallée

ne sont que le devant de la réalité.

Même si je sais que la yourte

n'est que le manteau de mon âme.

int_rieur

Même si je sais que l'ultime, le vrai du vrai,

ne se trouve qu'en restant immobile.

immobile

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Commentaires
G
Regarder toujours le même paysage, c'est le découvrir chaque jour aussi. Et s'apercevoir qu'en fait ce n'est jamais le même. J'habite depuis 18 ans dans le même endroit, et c'est la première fois de ma vie que je reste aussi longtemps sans déménager. J'ai eu une enfance ballottée à droite et à gauche, et ensuite je déménageais très souvent et je peux te dire que voir le même paysage et regarder le paysage qui change tout le temps, c'est pas la même chose....
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A
que je ne t'oublie pas Sylvie<br /> <br /> et j'ajoute que les mots de Françoune traduisent bien ce que j'ai envie de te dire ce matin<br /> <br /> je t'embrasse
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F
C'est complètement par hasard que j'ai découvert ce merveilleux espace de vie que tu as créé sur (et sous!) la toile. Je vais avoir beaucoup de mal à te dire à quel point cette "yourte virtuelle", avec tes mots si justes, tes photos sublimes, ta sensibilité, ton instinct de vie tellement profond me touchent, me bouleversent. D'un seul coup le monde me paraît moins vide, et moins absurde, même si je crois qu'il n'y a rien de plus fragile que la beauté. <br /> Je suis une femme de 44 ans, cabossée, révoltée, et parfois assez stupide quand il s'agit d'exister dans ce monde... et je te salue.<br /> Françoune
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A
comment fais tu, Sylvie, pour si souvent mettre en mots mes propres émotions ......?<br /> la femme, qui regarde au loin, par la fenêtre, c'est toi ? on dirait moi, si souvent je suis comme çà.. à regarder au loin, l'horizon où finir<br /> un abri à l’abri, <br /> une terre où mourir
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YURTAO, la voie de la yourte.
YURTAO, la voie de la yourte.

Fabriquer et habiter sa yourte, s'engager et inventer un nouvel art de vivre. Vivre le beau et le simple dans la nature.
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