fichage des nomades
Suite au commentaire d'Erig déposé après mon article concernant
le compte rendu du procès contre mes yourtes
http://yurtao.canalblog.com/archives/2008/07/27/10049995.html,
j'ai éprouvé le besoin d'écrire cette réponse:
Merci Monsieur de me donner l'occasion de parler un peu plus du nomadisme. Le sujet est d'ailleurs chez moi brulant, puisque le WE passé, le maire de Saint Hilaire de Brethmas, petit bourg prés d'Alès, ne décolérait pas de s'être vu imposé le stationnement d' une centaine de véhicules, dont soixante caravanes, sur son terrain de football.
Soit dit en passant c'est dans ce village que la Gauche Alternative a décidé d'installer son lieu de résistance, mais c'est aussi exactement là que des spéculateurs délirants ont prévu de construire des hôtels de luxe autour d'un golf immense qui détournera non seulement tous les terrains agricoles sous le pif des centaines de jeunes agriculteurs locaux en attente d'exploitations, mais aussi toute l'eau des habitants,( qui n'ont pas le droit de pomper l'eau de la rivière pour leur petits jardins) sans parler de l'arasage des narcisses et autres fleurs sauvages du coin pour goudronner les kilomètres de pistes d'atterrissage réservés aux hélicos des gros profiteurs de la démocratie.
Donc, les journalistes et les élus de la communauté de communes du Grand Alès qui, au nom de quelques emplois de valets de golfs, ne trouvent à rien à redire au massacre d'hectares entiers de garrigue, se renvoyaient la balle ce WE en éructant à qui mieux mieux contre ces tribus d'évangélistes charismatiques ayant osé déployer leur chapiteau sur un terrain désert et plat qui ne leur était pas destiné.
Ils ont beau jeu de crier au stationnement illégal, la loi stipule bien que ce genre de stationnement des gens du voyage n'est illégal que si les communes se sont acquitté de leurs devoirs, à savoir prévoir des places pour les accueillir.
Or personne n'a voulu construire suffisamment de places pour les grands passages annuels et rituels de nomades: le maire d'Alès a continué à aveugler la populace avec ses bouquets de pétunias suspendus ostensiblement aux carrefours et a soigneusement claquemuré ses 26 places pour nomades entre deux usines désaffectées dans un quartier paumé pour être sûr de ne pas pouvoir en créer de nouvelles.
Alors, dans la course aux ghettos,
un golf de luxe contre un parc à nomades?
Encore un combat indigne, un total déséquilibre des forces.
Avant de peser de votre poids sur cette balance déjà lourdement trafiquée, je vous propose d'aller faire un tour sous un de ces chapiteaux où l'on chante la gloire de Dieu, où l'on s'embrasse et où l'on frappe dans les mains en chœur, et même si je sais que le fondamentalisme peut les gagner tout autant que d'autres fous de Dieu, vous y ferez l'expérience de laisser choir vos peurs narcissiques à vos pieds pour connaître la joie d'aller à la rencontre de l'autre.
Car je crains que vous ne fassiez partie de ces gens qui trouvent que les SDF dans les rues des centres villes, ça fait sale, ça abime le paysage et c'est dangereux, ces gens qui votent, avec la conscience tranquille d'un petit écolo responsable de son CO2, pour des réactionnaires opportunistes qui interdisent à coups de décrets sordides toute mendicité et tout étalage de pauvreté sous les fenêtres des bourgeois. Des fois que ces bourgeois n'aient pas votre degré de conscience civique et s'énervent à coups de massues et milices privées.
J'en profite donc pour réajuster ma position, à savoir que je ne me considère pas comme une nomade, même si j'ai déménagé souvent dans ma vie, que j'habite depuis plusieurs années au même endroit, que je souhaite y rester et qu'en plus, je ne possède aucun véhicule ni animal de traction, indispensables pour nomadiser.
Je ne défends donc pas ma cause, mais par la force des choses, et en l'occurrence, par le procès qui m'a été intenté avec l'accusation d'un délit créé juridiquement en 2003 par Sarkosy, dans la section dégradations et destructions portant atteinte à la sécurité intérieure,législation répressive votée pour empêcher les vrais nomades d'exister, j'ai pu constaté à mon corps défendant les glissements de plus en plus dangereux de la loi.
Depuis quelques temps, bien que je n'étais pas née lors de la dernière guerre, des relents de pétainisme me montent à la figure et j'en éprouve un souci de plus en plus préoccupant, alors que rien dans la vie publique Française et Européenne ne vienne me rassurer, bien au contraire.
Sous Pétain, des Français tuaient légalement des Français résistants, et massacraient impunément et légalement tous ceux qui ne l'étaient pas et osaient dire non à l'ignoble. Avant Pétain, le fascisme est arrivé quand les gens ont laissé ficher les Juifs sans réagir.
Alors parlons de l'Italie,
où les Français aiment aller passer leurs vacances, et
parlons non pas des vacanciers mais des nomades Roms et Italiens qui
tentent d'y vivre aux marges des villes. Savez vous Monsieur qu'en
Italie, en ce moment même, le ministre de l'intérieur,
pour faire plaisir à des gens comme vous, a organisé le
fichage systématique par ethnie et religion des nomades, et
envoyé la croix rouge et la police recenser les nomades dans
leurs camps! Et ficher tous les enfants avec empreintes digitales et ADN sous prétexte de les empêcher d'aller mendier!
Fort heureusement, ce pays
n'est pas encore totalement gangréné puisque le 9
Juillet le Parlement européen, et là on est content
qu'il serve au moins à çà, mais aussi l'église,
ouf, ont rejeté ce fichage ethnique parce que non compatible
avec les normes communautaires. Ce qui n'a pas empêché
les forces de l'ordre de dévaster des camps comme je l'ai dit
dans l'article intitulé "tribus nomades". Et le ministre de l'intérieur de promettre que rien ne l'arrêtera, que les autres pays occidentaux finiront bien par suivre son exemple,( suivez mon regard!!!) et qu'à la rentrée, il poursuit son programme d'assainissement en enfonçant le clou!
http://yurtao.canalblog.com/archives/2008/07/31/10093965.html
He bien moi, Monsieur, je
ne crains pas pour les petites fleurs aujourd'hui, bien que je sois
une écologiste convaincue et me désole chaque jour de
l'incurie face à la diversité végétale
gravement menacée, je crains tout simplement pour l'humanité.
Je crains tout spécialement cette montée de xénophobie bien pensante, utilisée par des assassins au pouvoir dont la veulerie n'a pas de bornes et qui sont prêts à vous désigner n'importe quel pauvre un peu différent pour vous rallier à leur protection armée.
Ils ont déjà réussi à vous détourner les yeux de la réalité et du bon sens, puisque vous placez les narcisses et votre petit périmètre carré avant les hommes.
Alors je me demande comment vous réagirez quand il faudra se battre encore pour la liberté, parce que ceux à qui vous laissez le droit de tout prendre avec des lois iniques auront commencer à grignoter aussi vos plates bandes.
Alors je vous enjoins à rouvrir votre registre des trésors les plus précieux de notre courte vie et d'y inscrire, avant qu'il soit trop tard, sur les premières lignes des choses à protéger: l'esprit et la charité.
Voici le texte de la lettre ouverte envoyée par le comité catholique international pour les tziganes:
« Lors
de notre dernière rencontre internationale à Trogir
(Croatie) ayant pour thème
« Etre des artisans de
Paix face à l'anti-tsiganisme ambiant »,
les 130
participants de 21 pays différents ont manifesté leur
inquiétude face aux nouvelles formes de racisme, parfois
latent, parfois banalisé ou manifestement violent, qui
touchent la population tsigane. Comme dans son passé, cette
population reste, aujourd'hui encore, victime d'un rejet et d'une
pauvreté inquiétants qui sont largement confirmés
par différents rapports officiels et objectifs.
C'est à
la suite des conclusions de cette rencontre que nous nous permettons
de vous adresser en tant que Président de la Conférence
Episcopale Italienne la présente lettre ouverte que nous vous
demandons de répercuter à l'ensemble des membres de
cette Conférence.
En effet, la situation en Italie et le
développement des réactions hostiles toujours plus
nombreuses et irrationnelles qu'elle a engendrées sont
particulièrement graves au point qu'elles semblent répondre
à un dessein préconçu.
Ne pas dénoncer
les injustices ni les dérives sociales présentes
constituerait un délit de fuite de nos responsabilités
de baptisés et « d'artisans de paix ».
Nous
avons le devoir impérieux de ne pas nous taire !
Il est
profondément injuste d'imputer le comportement inadéquat
de quelquesTsiganes
à l'ensemble de la communauté et de prendre à
son égard des mesures globales et contraignantes quin'ont pas
de fondement juridique ni moral.
- Il est profondément
injuste que soient diffusées par des milieux politiques de
premier plan des informations fausses et tendancieuses qui sont
répercutées et divulguées par les medias
et qu'aucune voix autorisée ne se sente le devoir de
rétablir la véracité des faits et d'appeler
à une réflexion sérieuse et objective de ces
informations.
Il est profondément injuste que soient
prises des mesures « sécuritaires » de rejet
contre cette population alors que c'est elle, puisqu'elle est la plus
faible, qui a besoin d'attention et de protection.
Il est inquiétant de constater la facilité avec laquelle on arrive à une tragique inversion des valeurs.
Il est profondément injuste d'assister passivement aux actes de violence notamment sur des terrains de campement dérisoires, délaissés, qui sont des lieux d'une vie « sous-humaine »mais qui sont cependant aussi des lieux d'une vie familiale intense.
- Il est profondément injuste d'ignorer le lourd tribut d'humiliations et de persécutions que les Tsiganes ont déjà payé au cours de leur histoire et qui marque dramatiquement leur conscience collective.
Le bon sens nous impose de mettre un terme à l'acharnement qui aboutit à renouveler de telles blessures.
- Il est profondément injuste de rechercher des solutions « populistes » qui ne peuvent qu'engendrer et entretenir un ressentiment entre les communautés tsiganes et la société majoritaire et donc provoquer de nouvelles et inévitables violences qui aboutiront à stigmatiser davantage encore la partie la plus faible.
- Il est profondément injuste que, par son silence, une majorité permette aux « intégristes » de répandre méfiance, mépris, peur et haine et de « nettoyer » ce qui est dérangeant.
Demain,cette même
majorité se lavera les mains et se justifiera en affirmant
qu'elle a été obligée de nettoyer »
la saleté laissée par les autres.
Au nom de la
présence aimante et forte du Christ que nous découvrons
parmi cette population humiliée, au nom de l'Incarnation, qui
est la forme intégrale de la solidarité, nous vous
demandons de veiller instamment à ce que la voix de la
Conférence Episcopale Italienne se fasse entendre avec force
et courage pour condamner ces injustices qui sont aussi une injure au
message évangélique dont Elle est porteuse et qui
constituent une grave menace pour l'avenir de la société
et de l'Eglise.
En ces circonstances tragiques, nous ne pouvons
nous réfugier frileusement derrière une prudence qui
serait un déni de Justice ;
nous devons, au contraire, oser
prendre, tous ensemble,les risques que comporte le message de
Jésus-Christ. »