Lettre au maire pour sauver le cantoyourte
Monsieur le Maire, Messieurs les adjoints,
J’ai
été autorisée par une association aujourd’hui
disparue, à installer des yourtes sur le terrain que tout le
monde connait ici sous la dénomination du CANTOYOURTE .
J’y
habite depuis le début de l’année 2005. J’ai été
autorisée par votre adjoint à l'urbanisme, à
faire un branchement électrique en 2006.
En
septembre 2005, cette parcelle a été mise en vente aux
enchères. J’ai écrit au mandataire liquidateur que je
souhaitais acheter cette parcelle. Il m’a répondu par la
négative. Mais il ne m’a pas fait notifier une déclaration
d’intention d’aliéner.
Des
sociétés immobilières ont acquis la parcelle sur laquelle
j’habite et m’ont intenté un procès pénal :
mais le Tribunal correctionnel m’a relaxée, car je n’ai
commis aucun délit.
A
l’occasion de ce procès, j’ai pu lire le cahier des
charges de cette vente. On y trouve un constat d’huissier qui
déclare que le terrain sur lequel mes yourtes sont posées
est vide de tout immeuble: ce constat d’huissier est donc un faux
en écriture publique, ce qui engendre une situation assez
grave.
Vous
m’avez par ailleurs répondu par écrit sur une
question écrite, que vous ne vous étiez vu notifier
lors de la vente aux enchères, aucune déclaration
d’intention d’aliéner.
Enfin,
en me renseignant sur le sort des autres parcelles objet de cette
vente judiciaire, j’ai pu constater qu’elles n’appartenaient
plus aux bénéficiaires de la vente judiciaire, mais à
un tiers qui aurait bénéficié d’une DONATION.
Qu’il
est heureux ce nouveau propriétaire à qui l’on fait
un cadeau, une DONATION ! … Ce n’est pas à moi que
cela est arrivé : moi je subis poursuites pénales
et bientôt, le 27 novembre prochain, un référé
en vue de mon expulsion.
Cependant,
la presse se fait l’écho de ce recours à la DONATION
FICTIVE de certains propriétaires qui veulent échapper
aux obligations du Code de l'urbanisme en cas de vente.
Pour moi, cette vente aux enchères a été irrégulière, de même que la DONATION fictive est illicite, qui permet de ne pas vous notifier de déclaration d’intention d’aliéner et donc de léser l’intérêt général protégé par le Code de l'urbanisme.
Je
vous demande de mettre tout en œuvre pour me protéger et
d’intervenir auprès de qui de droit, afin que je ne sois pas
victime d’une expulsion suite à une vente qui a eu lieu au
mépris des droits de la collectivité publique que vous
administrez.
A
supposer que les bénéficiaires de cette vente entachée
d’autant d’irrégularités puissent se prévaloir
valablement d’un droit de propriété, ils sont tenus,
comme marchands de biens, de revendre les parcelles acquises avant
septembre 2009.
Je
vous demande d’être vigilants et d’intervenir pour mettre
en garde lesdits marchands de biens et leur demander de respecter
leur obligation de vous notifier une déclaration d’intention
d’aliéner.
Je vous demande d’exercer alors votre droit de préemption.
Je peux vous faire des propositions d’occupation de ce terrain, qui satisfasse l’intérêt général.
Cette friche industrielle a une histoire. Parce que la Mine a fait vivre Bessèges pendant de nombreuses années et que la vie ouvrière ne doit pas être effacée, cette vie laborieuse qui a fait évoluer notre pays du servage vers une République dont la Constitution contient des droits sociaux très importants.
Nous pensons indispensable la création d'un pôle historique sur le passé minier de Besseges, la création d’un fonds documentaire en relation avec la bibliothèque et des animations surtout pour les scolaires : la violence sociale est d’autant plus forte que les racines et l’histoire d’une population locale sont effacées. Le droit à l’origine, la capacité de s’insérer dans la succession des générations nous semble un objectif sérieux.
Mais également, parce que le déclin industriel et la récession que nous déplorons actuellement ont fait apparaitre dans notre pays des gens comme moi, certes pauvres, mais créatifs, porteurs dans la précarité d’un immense espoir et conscient de contribuer à l’immense tâche du relèvement économique et social de ce pays.
Si j’ai vécu d’une manière privative sur cette parcelle, il demeure et je peux en justifier, que j’ai accueilli de nombreux évènements associatifs, et en particulier des animations à but d'insertion pour des publics en difficulté.
Sous la grande yourte, la vie associative est active et doit le rester. Lieu d’échange, de pédagogie, de convivialité, de solidarité, comme vous avez pu le constater lors de votre venue en Novembre l'année dernière..
Le Cantoyourte a été visité par de nombreuses personnes attirées par la beauté et l'originalité des yourtes. Il est connu et soutenu à travers tout le pays.
Je suis à votre disposition, avec les adhérents d’association qui m’entourent, pour élaborer, avec la population de Bessèges, les jeunes et les moins jeunes, des projets associatifs dont ils puissent s’emparer pour s’épanouir et se construire dans Bessèges, un avenir.
Nous
pensons qu’une continuité d'usage de ce lieu bénéficierait
d'une part à l'amélioration du lien social des
habitants de notre commune et d'autre part par son originalité,
à l'attrait de la ville pour ses visiteurs et touristes.
En
exerçant votre droit de préemption et légalisant
par une convention adaptée, mon occupation des lieux, la Ville
se donnerait les moyens de proposer une gestion satisfaisante, selon
le droit de la vie associative, de ces lieux, qui méritent
mieux que d’aggraver le mitage des forêts et des sites
industriels par un habitat sans intérêt esthétique
promu dans toute la région par divers professionnels de
l'immobilier ...et qui grève les budgets publics par leur
impact sur la gestion des ressources rares.
C'est
pourquoi nous vous demandons de bien vouloir nous accorder votre
attention et de nous recevoir très prochainement pour en
discuter plus avant.
Dans cette attente, nous vous prions d'agréer, Messieurs, l'expression de nos sentiments distingués.
Sylvie Barbe.
Le collectif citoyen du canton de Bessèges.