Expulsion Yourte 1
La juge des référés du tribunal d'Alès
a prononcé mon expulsion,
me déclarant occupante sans droits ni titres,
mais m'a octroyé quatorze mois de délais.
( Ce qui reconnait quand même mes droits)
Je signale que parallèlement le maire de Bessèges
a pris un arrêté anti-expulsion, non cassé à ce jour par le préfet.
Expulsée, ça ne m'était pas arrivé depuis ma naissance.
Est-ce pour ça que je suis si heureuse?
Naitre ou renaitre, douleur de quitter et joie d'arriver,
introduite à nouveau sur le chemin de la yourte.
Dans le grand silence du Tao,
du besoin de faire de la place pour l'avenir,
je regarde étonnée cette chose nouvelle se former,
cette chose "expulsion", curieuse et contente.
Car, par cette prononciation de l'expulsion,
c'est la confirmation de ma gestation:
parce que j'apprends que je dois accoucher,
je sais que je suis enceinte.
Or porter la vie engendre la plénitude.
Quatorze mois de couveuse pour une nouvelle place,
de nouveaux arbres, une transplantation, une élévation.
Après ces batailles, maintenant,
j'ai seulement besoin de me remettre à rêver.
Pour que le nouveau nid se creuse d'abord à l'intérieur,
au vide du cœur et du ventre.
A chaque tribulation, je rembobine
les fils dévidés de mon tapis volant,
je reconsidère l'essentiel et recommence à trier.
A chaque tribulation,
j'imagine le lieu d'un bonheur simple
que je construis sans hâte à mains nues.
Pour consulter les archives de mes procès,
aller sur "Droit pour les yourtes."