Yourtes: la Charte éthique
Charte Ethique de la Yourte
Les habitants des yourtes s'engagent à tendre vers un comportement citoyen non violent et écologique, et donc, à occuper la Terre en s'incluant harmonieusement dans les écosystèmes.
Nous reconnaissant partie de la Nature, nous tendons à pratiquer la solidarité active pour la survie, la biodiversité et le respect des peuples, des espèces animales et végétales, par la simplicité volontaire.
Notre mode d'habitat vise un impact minimal et implique un mode de vie à l'Empreinte Ecologique* soutenable.
Nos habitats légers (tentes, yourtes, tipis) devraient répondre aux critères suivants :
L'installation devrait être réversible et tendre vers l'autonomie et la sobriété énergétique.
Si possible, des matériaux locaux renouvelables et biodégradables seront utilisés en priorité.
La fabrication de la yourte, son aménagement, son équipement et le mode de vie des ses occupants feront appel de préférence à des Technologies Appropriées (TA)**.
L'installation sera aménagée d'équipements intérieurs et extérieurs légers, amovibles et/ou démontables et recyclables.
L'installation tendra vers l'exemplarité, dans une pédagogie d'expérimentation de solutions socio-écologiques alternatives.
* L'empreinte écologique d'une personne, d'une famille ou d'une collectivité est une estimation de la superficie nécessaire pour répondre à l'ensemble de ses besoins en ressources naturelles.
Elle mesure en hectares globaux (hag) la biocapacité***, c'est-à-dire la quantité d'espace (en provenance du monde entier) biologiquement productif ( terrestre et aquatique ) nécessaire à une population ou une activité pour la production des ressources utilisées et pour l'absorption des déchets produits.
Elle comprend l'empreinte carbone et l'empreinte eau.
L'empreinte carbone mesure le volume de dioxyde de carbone (CO2) émis par combustion d’énergies fossiles par les entreprises ou les êtres vivants.
L’empreinte eau représente l’impact des activités humaines sur la ressource en eau, ( eaux de surface, nappes phréatiques, précipitations) à travers ses utilisations dans la chaîne de production et de distribution.
L’empreinte eau de production (d’un bien ou d’un service) est égale au volume d’eau douce utilisé pour fabriquer le produit. Ce volume se décompose en trois éléments, correspondant à de l’eau consommée, évaporée ou polluée :
L’empreinte eau verte est le volume d’eau de pluie stockée dans le sol sous forme d’humidité, qui s’évapore via les surfaces cultivées.
L’empreinte eau bleue est le volume d’eau douce captée dans les eaux de surface et les nappes phréatiques, pour des usages domestiques, industriels ou agricoles.
L’empreinte eau grise (aussi appelée flux de retour) est le volume d’eau requis pour diluer les polluants dans des proportions suffisantes pour que la qualité de l’eau corresponde aux normes acceptables.
L’empreinte eau de consommation est égale au volume d’eau douce nécessaire pour produire les biens et services pour une population donnée, que ce soit un individu, une collectivité, un pays, ou l’humanité dans son ensemble.
L'empreinte écologique d'une yourte est donc la surface moyenne des ressources nécessaires à l'extraction et au transport des matériaux, à sa fabrication, son fonctionnement et son élimination.
** La Technologie Appropriée (TA) répond aux besoins de base sans recourir aux pratiques industrielles, car son objectif est de privilégier les aspects environnementaux, éthiques, culturels, sociaux et économiques de la communauté pour laquelle elle est destinée, en lui donnant les moyens d'être autonome. Cette forme de technologie préfère les solutions utilisant plus la main-d'œuvre que l'argent, ainsi que le plus simple niveau technique nécessaire pour atteindre un objectif particulier.
Exemple : le système de refroidissement de conservation de Pot-dans-Pot. Constitué de deux pots en terre cuite imbriqués dont l'interstice est rempli de sable et d'eau, le tout recouvert par un tissu maintenu humide, ce frigo naturel permet de conserver les aliments au frais. En s'évaporant par la surface du pot externe, l'eau dans le sable extrait la chaleur du pot intérieur. C'est la version élargie du beurrier en argile de nos grand-mères, qui, par évaporation de l'eau contenue dans le couvercle, refroidissait le beurre.
*** La biocapacité est la quantité de matière organique produite grâce à la photosynthèse. La Terre dispose d'environ 12 milliards d’hectares bioproductifs pour une population de 7 milliards d'individus, ce qui implique que la biocapacité disponible par personne est de 1,8 hag (l’hectare global (hag), qui agrège les cinq types de surfaces bioproductives, champs cultivés, pâturages, forêts, pêcheries et terrains artificialisés, représente un hectare de bioproductivité moyenne sur Terre une année donnée).
Or, la moyenne mondiale actuelle de l'empreinte écologique est de 2,6 hag par personne.
Un Français a besoin de 4,6 hag. Si tout le monde consommait autant qu'un Français, il faudrait disposer de 2,5 planètes. Un Américain use du double d'un Européen (9 hag), c'est-à-dire 5 planètes. Un Brésilien use de 2,3 hag (1,3 planètes), un Chinois, de 1,8 hag (une planète), un Indien (ou un habitant du Burundi) de 0,8 hag (0,4 planètes).
L'empreinte écologique mondiale a dépassé la capacité biologique de la Terre à produire nos ressources et absorber nos déchets depuis le milieu des années 1980, ce qui signifie que l'on surconsomme les réserves en surexploitant les milieux.
Les habitants des yourtes refusent de participer à ce crime contre l'humanité.
C'est pourquoi le niveau de vie d'un(e) habitant(e) en yourte en Occident se situera probablement entre celui d'un(e) Chinois(e) et d'un(e) Indien(ne), selon qu'il-elle est motorisé(e) ou pas, afin de ne pas dépasser la biocapacité de notre seule planète.