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YURTAO, la voie de la yourte.
25 novembre 2013

Jaune merveille

 *       *       *       *       *       *       *

Pétillement du matin.

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Il est cinq heures et déjà un flot de bonheur s'immisce entre les couvertures malgré le froid.

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Mon thermomètre s'est renversé, il affiche moins trente quatre.

Grand éclat de rire.

Je ne suis pas au Canada, pas encore ! Il faut changer les piles.

Le vent souffle, les nuages ont du se dissiper pendant la nuit, la pluie nous épargnera peut-être aujourd'hui. Alors je me prépare. Dans mon ventre, ça tangue déjà de plaisir, un vrai toboggan d'amour.

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Ça a commencé dés l'émergence des brumes oniriques, où je rêvais que je demandais à ma mère un plant de son grand caoutchouc pour le ficher dans un pot de ma nouvelle serre. Et puis j'ai vu ce lait qui coulait de mon sein gorgé, même quand le bébé s'arrêtait de téter, ce filet de lait vivace qui giclait devant moi.

Je ne sais rien de cette journée,

elle est comme une page blanche au seuil de l'aurore,

mais déjà je l'adore.

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Le feu crépite dans le petit poêle, une bouilloire pleine de thé chaud m'attend à volonté. Mais je ne vais pas rester blottie dans la yourte un jour sans pluie.

Dehors est trop bien.

feuilles d'étoiles

Dés que le jour pointera, je sortirais du nid.

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Dés que la lumière reviendra,

je la célébrerais au sein de la nature.

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Ce qui s'y passe me soulève de joie, je ne veux rien manquer

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de cette agonie flamboyante le jour de mon anniversaire.

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Loin des rues et des places,

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et mêmes des maisons,

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je veux tomber à genoux sur un tapis doré de feuilles dentellées

tapis de feuilles d'or

rutilant d'humidité,

je veux me noyer dans les étoiles citronnées jonchant la terre molle,

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je veux m'enfoncer dans la mousse aux pores écartelées,

dans le lichens ressuscité, les gousses et les bogues baillantes,

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je veux m'aveugler du jaune étincelant des châtaigniers

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dégainant leur dernières pulsations,

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je veux danser au milieu des roseaux mordorés,

courir m'extasier sous le ginko en plein délire,

ginko jaune

m’asseoir au bord du torrent à contempler comment s'enroule le courant dans les cavités où s'agglutinent en larges colliers feuilles mortes et bois cassés,

et boire jusqu'à la lie le chant joyeux de l'eau sautant sur les rochers.

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Tout cet or érigé en oriflamme

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au sommet des arbres
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comme un bouquet final,

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c'est l'ultime générosité du soleil qui,

feuilles jaunes contre-jour

offrant le viatique indispensable à la traversée des grandes eaux, promet son retour.

Sujette inféodée du somptueux souverain, j'assiste, suffoquée d'honneur, frissonnante de vénération, à la grande cérémonie du coucher de mon suzerain.

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Liesse empreinte de nostalgie devant l'hécatombe tourbillonnante des formes,

des couleurs en déliquescence,

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des matières en dessiccation, des parfums en décomposition.

Toute sève exsude son ultime énergie, postillonnant grandiose

comme un dragon conquis envoie sa dernière charge sauvage.

Il faut que je remercie ce feu d'artifice automnal,

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dont l'ardeur ferrée au fond de mes yeux

me fera tenir tout l'hiver.

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Je veux rendre grâce,   *   *   *

    *   *   *    partout où foulent mes pas,

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aux jets d'arc-en-ciel qui suspendent mon souffle en cri d'admiration ,

aux cabanes perdues

cabane dans les vignes automne

dénichées sous les frondaisons lumineuses,

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aux flaques anodines brillant comme des joyaux

dans l'air exhalant un humus torride,

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aux milliers de champignons offerts sous mes bottes,

aux grands arbres se dépouillant de leur splendeur

pour nourrir le monde minuscule,

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qui grouille hors de ma vue

avant de s'ensevelir dans le silence du froid qui vient.

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Je veux rendre grâce,   *   *   *

 *    *    *     partout où foulent mes pas,

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aux tonalités éblouissantes des puissances en régression.

Car si j'ignore dans quelles profondeurs elles s'enfoncent,

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je sais pourquoi elles se retirent.

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Quelque chose en moi fait pareil,

s'éclipser pour chercher au cœur du chaudron intérieur

la flamme qui rejaillira au printemps.

*   *   *   *   *   *   *   *   *   *   *  

 des cygnes en pierre

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Commentaires
C
Que signifie l'allusion au "Canada, pas encore ?"' Est ce un projet ? Ton mode de vie ne serait certainement pas viable au Canada, avec ses températures extrêmes l'hiver.
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P
Philo de Noël<br /> <br /> « Ce qui empêche l'homme d'accéder au bonheur ne relève pas de sa nature, mais des artifices de la civilisation. » <br /> <br /> De Claude Lévi-Strauss (tristes tropiques).<br /> <br /> <br /> <br /> Comment comprendre cette citation ? Le mot clé est « artifices », c’est lui qui déclenche toutes les polémiques, toutes les guerres pour la raison évidente que chacun a accumulé en soi une vue subjective de toutes choses.<br /> <br /> La vision de chaque individu est subjective pour deux raisons ; la première est que la goutte d’eau ne saurait vous donner la dimension de l’océan et la deuxième est que cette goutte d’eau, dans son jugement, se prend pour l’océan.<br /> <br /> Vous aurez compris que cette goutte d’eau au temps imparti est mortelle et se donne bien trop d’importance en sa petitesse et en sa finitude. L’homme supporte mal de devoir mourir un jour, concevant sa fin comme une absurdité.<br /> <br /> La vision infime est donc infirme surtout de ne pas connaître ce handicap de sa propre conception. Géométriquement, chaque point est centre de l’univers mais en ce qui concerne la traduction de ce que l’on perçoit, pour l’homme, l’extrapolation à cette géométrie est une aberration, l’odieux paralogisme.<br /> <br /> Ceci peut amener à une réflexion sur la démocratie qui en un tel contexte de perceptions différentes de l’existence, devient vite cacophonie avec la tyrannie éclatée qui s’ensuit. Une seule issue : accepter la différence de l’autre.<br /> <br /> Il va sans dire que pour ce faire, on aura à cœur de déceler les artifices qui nous ont été inculqués en la civilisation où nous sommes nés et concomitamment, déceler et tenter d’éradiquer les artifices qui limitent notre vue personnelle.<br /> <br /> Cherchez et vous trouverez mais sachez que cette recherche peut être longue et douloureuse car vous serez confrontés à des êtres qui ne se cassent ni le cœur ni la tête pour devenir plus honnêtes avec eux-mêmes. <br /> <br /> Ceux-là déclareront la guerre à votre propre vue des choses en ce monde quand bien même vous auriez déclaré votre impuissance à en connaître le mystère. Ceux-là ont sans doute la prétention de donner une réponse à ce mystère. <br /> <br /> Autant dire que l’homme est dans une compétition absurde contre l’homme, compétition qui va jusqu’à la tentation de dominer son alter ego, voire de le supprimer, fatalité de nos tristes tropismes.<br /> <br /> La nature nous donne une dimension de l’amour maternel, oasis indispensable à la conservation de toute espèce. Cet amour s’adresse aux plus petits. Il va sans dire que la démocratie qui n’observe pas cette attention aux plus petits court à sa perte. On ne défend pas une liberté égalité fraternité à la Kalachnikov !<br /> <br /> Or, ce qui se passe dans notre monde basé sur la croissance et le profit, c’est que la croissance du profit profite à quelques-uns, les gros pleins de sous qui ont pris le pouvoir, cette sempiternelle illusion qui entraine l’âme de l’homme à la mort.<br /> <br /> C’est que la mort peut avoir une séduction plus attrayante que la vie elle-même. Remarquez au passage que je prononce : « La vie, elle m’aime ». C’est un peu là où je voulais en venir. La vie nous aime particulièrement, individuellement, mais si nous partons avec la caisse, on n’a pas bien d’estime ni de la vie, ni de soi.<br /> <br /> En pays dit démocratique, la politique est une telle interaction de pouvoirs divers que la confusion en est devenue inextricable. Grandeur et misère du pouvoir devenu dérisoire et aléatoire en un jeu électoral en lequel personne ne se reconnaît.<br /> <br /> Il y a l’évolution de Darwin et il y a la contribution de l’homme à sa propre évolution, insérée en celle de toute l’humanité. Combien d’artifices à supprimer pour arriver à l’universalité ? Sacré travail de tri et de déblayage !<br /> <br /> On commence par le tri, pour ne pas jeter le bon grain et garder l’ivraie. Un tri inconsidéré ferait jeter le bébé avec l’eau du bain. Ensuite, une fois bien définis les artifices, on en fait un feu de la Saint Jean.<br /> <br /> L’artifice est une branche morte qui se reconnaît au fait qu’elle ne comporte pas de bourgeon, pas d’espoir de devenir un arbre présent à la vue de tous. Le réel, contraire de l’artificiel, c’est l’amour, c’est la vie.<br /> <br /> On dit de nos jours : « Ce n’est pas évident ». Eh bien retournons-y à cette évidence, si simple de ne pas laisser tomber le plus démuni. Il n’attend pas seulement le « resto du cœur », il attend le cœur et le chœur de tous en une évolution positive. A quand le feu d’artifices ?<br /> <br /> <br /> <br /> Salut Sylvie, artiste de nos rêves les plus pertinents !
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C
Quelle splendeur Sylvie....Merci pour ce cadeau d'anniversaire que tu nous offres (née le jour de la Sainte Catherine......je te rejoins bientôt ma soeur, dans un petit mois). Je t'embrasse et te souhaite un bel anniversaire. Ces couleurs, ces photos sont un baume et une joie pour le coeur et l'esprit, je ne parle pas des textes. Cat.
Répondre
F
cest sublime ton cadeau de birthday. Bon anniversaire Sylvie.
Répondre
F
cest sublime ton cadeau de birthday. Bon anniversaire Sylvie.
Répondre
YURTAO, la voie de la yourte.
YURTAO, la voie de la yourte.

Fabriquer et habiter sa yourte, s'engager et inventer un nouvel art de vivre. Vivre le beau et le simple dans la nature.
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