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YURTAO, la voie de la yourte.
25 mai 2015

Yourtes sous les étoiles

yourte cosmique

Tous les soirs, je m'assois devant la yourte sur mon vétuste petit fauteuil en rotin que j'ai du retresser et sangler plusieurs fois avec des chutes de store entrecroisées, tous les soirs d'hiver ou d'été, par moins cinq ou par trente, au crépuscule ou à minuit, j'honore mon rendez-vous sacré avec le ciel.

Soulagée de mes lourds paniers et godillots, agitation, soucis et préoccupations, j'oublie d'un coup, comme une amoureuse ravie de retrouver son amant après une journée bien remplie, tout ce que les charges du jour ont contracté, j'oublie ma pesanteur pour entrebâiller la porte des cieux et recevoir la grâce d'une caresse cosmique.

Dès que je lève la tête vers mon Noël permanent, mon épiphanie éternelle, dès que je me coule dans la cime des grands pins où les étoiles suspendues envoient sans se lasser leur jets d'espérance aux errants terrestres, l'embrouillamini des images et des émotions accumulées pendant la journée se dissipent comme par enchantement et le temps s'abolit.

Mes sens se dilatent pour embrasser l'environnement, mais ce n'est pas un mouvement spatial, c'est une immersion en profondeur qui revient au moyeu de l'existence d'où rayonne le vivant, et si je deviens grande, c'est parce que j'accepte de me diluer dans mon insignifiance.

Je laisse alors le silence intérieur écarter les frondaisons de ma forêt cellulaire, délayer les frontières de ma peau qui devient élastique et poreuse, je me liquéfie comme une sirène fendant l'onde et ma perception s'élargit telle une vielle passoire transformée magiquement en filet de pêche.

Plus je lève la tête vers le ciel, plus j'écoute les bruissements de la nuit, plus se dissolvent les murailles de l'esprit qui m'ont servi à construire le mythe quotidien de ma consistance personnelle.

le ciel dans la yourte

Elles sont là, immuables, à ravir mon âme solitaire si prompte à s'égarer dans les angoisses existentielles, elles sont là où je serais peut-être un jour après la fin du monde, transportée dans la danse céleste, étoiles innombrables dont j'ignore tout, sauf cette poésie miraculeuse et ce réconfort magnétique qui me saisissent quand je m'abandonne à elles, à cette joie plus forte que le découragement qui me convainc que s'ils peuvent tout gâcher sur terre, s'ils peuvent extraire et dilapider le sang de Gaïa, ils ne peuvent, ni ne pourront avant longtemps, décrocher les étoiles, ni tarir le flux sidéral.

Cette relation intime avec les étoiles, êtres énigmatiques dont la lumière signe une présence immuable, est probablement la plus stable qu'il me soit donner d'expérimenter avec des vivants qui me transcendent, au point qu'il me semble que cette révérence à l'inconnu et cette admiration suscitées par le mystère des astres imprègnent d'éternité les relations que je noue avec les parcelles les plus étranges de moi-même et de ceux que je côtoie.

Il m'arrive souvent de fabriquer mes propres étoiles,

arbre aux étoiles encore debout

comme si le processus créatif nécessitait régulièrement de répliquer le ciel

pour rafraîchir l'inspiration et se ressourcer.

étoile jaune

Étoiles de feuilles et de fleurs,

étoiles de cailloux et coquillages,

étoile de cailloux

de perles, de billes ou de boutons,

étoiles de branches, de tissu,

etoile tissu yurtao

  et de laine suspendues dans la bise,

petite étoile bleue

parsemant mes allées au détour d'une marche,

étoile à la grotte

étoiles sous la couronne de la yourte,

sous la couronne de la yourte

étoiles accrochées aux treillis de la yourte, 

P1110034

étoile réfractée de ma théière,

théière étoilée

c'est comme préparer le carrosse qui me déposera au grand bal de l'amour

quand il sera l'heure de partir.

Et tant pis si la tempête a réussi à renverser mon arbre aux étoiles

arbre aux étoiles tombé après la tempête

qui désormais pendouillent dans l'herbe entre les banières,

étoiles dans le prè

je ne doute pas un instant que la capsule éphémère où j'habite

entre ciel et terre sur le bord d'une falaise

appartient déjà au firmament dont le scintillement berce mes nuits,

yourte accrochée aux étoiles

et que c'est sans doute un avant goût du paradis.

ptit étoile ptit étoileptit étoileptit étoile

 

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Commentaires
A
Chère Sylvie, j'écris peu sur ce blog mais je lis tout, j'ai lu votre livre aussi... et je reviens ici, régulièrement, surtout quand le quotidien est plus lourd. Parce que je sais que je trouverai ici, la liberté, la poésie, la nature, tout ce qui fait la beauté de la vie ! Merci pour ce bel article et ces étoiles glanées sur votre chemin :-)
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S
La Barbesse, quelque part tu dois être bien copine avec les Anges, pour nous parler en ces termes...!<br /> <br /> Mille Saluts Fraternels
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L
Bonjour Sylvie, <br /> <br /> Je viens de découvrir ton merveilleux blog et je te remercie de partager ton quotidien.<br /> <br /> Tu es un exemple pour moi qui est 20ans et qui aimerai construire ma maison afin d'êtres en accord avec moi même. <br /> <br /> Je t'envoie mes meilleures énérgies ♥ ♥ ♥ ♥ ♥
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B
Quelle poésie ! J étais ce matin dans ma Sanga (méditation) et j'ai, comme toi, toucher les étoiles... j'ai voyagé moi aussi. Tes photos sont sublimes. Amitié.
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A
Quelle poésie, tu as un don littéraire certain et tu rivaliserais avec bien des poètes. Hier j'étais à un festival dit "le Printemps de Paroles" avec des tas de spectacles alternatifs et créatifs près de chez moi à Rentilly (77). Je suis sûr que tu y aurais ta place et pourquoi pas y faire connaître le peuple des yourtes. Tu n'y déparerais pas!<br /> <br /> J'aime beaucoup la photo de la théière!
Répondre
YURTAO, la voie de la yourte.
YURTAO, la voie de la yourte.

Fabriquer et habiter sa yourte, s'engager et inventer un nouvel art de vivre. Vivre le beau et le simple dans la nature.
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