Femmes en nature
Temps de bivouac estival magnifique
qui a rassemblé cet été quelques femmes dans la forêt et au bord d’une rivière,
sans téléphone portable, sans wifi, sans eau, sans électricité,
sans miroirs, sans montres, sans tabac, sans alcools, sans drogues,
loin des pollutions, du bruit et de l'agitation,
avec plein d’amour et de tendre sororité partagée,
un Temps hors de l'inextricable...
Un Temps extraordinaire car si proche justement de l'ordinaire,
du réel, du sensible et de notre mère la terre,
un Temps plein de vénération et de créativité.
Sous les étoiles d'Aout se sont éparpillées des petites tentes
sur un land à flanc de colline où flottent les couleurs du grand Souffle de la vie.
Là on peut trouver des gardiennes de la Terre, gardiennes de l’eau,
du feu, des bestioles, du temps, des déchets, de la conservation, de la propreté,
du sacré,
des tentes, de la pluie, des plantes, du bois...
Nous sommes arrivées à fonctionner presque sans argent, avec seulement 8 euros par jour et par personne pour une nourriture entièrement biologique et locale, goûteuse et délicieuse, avec l’essentiel nutritif et abondance dans les bols.
Pour les animations, le partage des talents, poésie, chant, musique, soins, pratiques domestiques et culinaires, jeux, bricolages, yogas, artisanat etc... permet la gratuité,
aux antipodes de ces stages spécialisés où s’exerce la marchandisation outrancière des compétences et où se perpétue la division hiérarchique entre caste des experts et masse des consommateurs, tous soumis à la dictature financière.
Retours:
*S:
Ce qui est enthousiasmant, c’est, au fil de ces rencontres en grande simplicité, au-delà du bien-être dégagé par la chaleur qui nous unit, d’assister à la réalisation spontanée, sur d’humbles arpents de terre dévoués à la protection du Vivant, de la vision intérieure, quasi monacale, d’une voie partagée, comme si la synergie de ces belles femmes donnait corps et chair à l’utopie d’un amour fraternel, maternel, filial et amical, tant nécessaire devant la réalité si inquiétante d’un monde hors sol et d’une nature confisquée, martyrisée.
Je suis frappée de constater la demande croissante de certaines femmes pour se délester du superficiel
et entamer un chemin vers l’essentiel.
Pas seulement des femmes mûres, mais tout autant de jeunes femmes.
Pas seulement des rurales, mais aussi des citadines.
Car se délester des objets, se départir du profit, c’est revenir à soi.
Revenir à soi, c’est contacter l’authenticité de la relation aux autres.
J’entends encore l’une d’entre nous s’exclamer :
« Je m’en fiche de la position et de l’activité de chacune dans le social ... »
tellement ce qui était vécu ici était riche et dense.
Ce qui nous a mené à prendre la décision d’ignorer le statut social des présentes.
Car le véritable lien se tisse en présence, dans la nudité de l’âme.
L’authenticité émerge quand on se désaliène des comportements sociaux grégaires engendrés par la compétition et l’adaptation accélérée à de plus en plus de béquilles technologiques. Comme si l’humanité tournait telle une toupie dont le seul destin est de s’écraser dés que le mouvement ralentit. Quand on prend conscience de cet emballement autrement que par le « burn out », alors peuvent s’engager, à tout âge de la vie, tout au long du parcours existentiel, des remises en question profondes qui, d’expériences en pratiques, contestent aux objets, aux machines, à la croissance perpétuelle et aux excès, le pouvoir démoniaque qu’ils ont pris sur nos vies.
Plus de moins libère. C’est ce que nous expérimentons modestement ici, dans la bienveillance et la gratitude, en posant des limites à une liberté dévoyée par l’absence de tempérance et de bon sens. Nous découvrons alors que la création du manque dans une société saturée, provoque, par recherche d’une juste mesure, une réhabilitation de l’humain. Cette réhabilitation se base sur la pacification de nos rapports avec la nature, qui entraîne le grand désarmement. La paix est possible quand on décide enfin de remercier toutes ces petites choses sans prétention qui rendent belle la vie.
Nous rêvons d’un monde dont le véritable progrès s’établirait sur la digestion des expériences humaines passées, où l’espèce humaine saurait s’asseoir quelques minutes en silence sur le grand canapé écorché, tatoué de taches de sang, de notre maison planétaire, sans plus rien massacrer, et choisirait consciemment de ne plus exercer de domination totalitaire sur tout ce qui vit. Elle imaginerait alors que le plus important n’est pas de s’accaparer le plus possible de biens par tous les moyens mais de s’intégrer harmonieusement, à la façon de la permaculture, dans l’ensemble de la création.
Voilà ce que nous créons en nous privant de gadgets, en refusant les sollicitations multiples et en déjouant l’illusion productiviste, nous créons la possibilité de choisir une autre voie qu’un transhumanisme délirant et la guerre perpétuelle de tous contre tous, nous créons, par un retour aux sources, la fin de la honte, une manière plus juste d’exister, qui pourrait faire advenir de véritables êtres humains.
* J:
Quelques mots sur mon expérience de femme "sauvage":
nature, soleil, chaleur, vent dans les arbres, nuit étoilée, pierres, yourtes, tissus colorés volant dans le vent, mandalas, moustiques et spirales anti-moustiques, côtes à grimper et à descendre, repas savoureux, eau à économiser, tambour, partages, authenticité, amitié, rivière, corps nus libres et vivants, créativité,
rires, pleurs, toutes unies dans ce lieu sacré.
Gratitude à toutes et n'oublions pas l'essentiel !..
Après quelques jours de retour dans la capitale, au milieu de ce quartier pluri-ethnique de la Goutte d'Or, entre logements sociaux, migrants et classe moyenne dézinguée... je commence à mesurer la présence de la femme sauvage grandissante en moi.
Le pas plus affirmé, déterminé et ancré sur le bitume de Paname... regard droit, tête haute, épaules découvertes... je me sens plus sûre, légitime, responsable et dynamique en arpentant les rues de la ville, pourtant hostile parfois, dont je crains moins les agressions et autres tensions polluantes.
La femme sauvage s'éveille en moi au contact de cette vie urbaine, malgré le besoin d'en fuir les nuisances de tout acabit.
Je rentre d'un moment passé en compagnie d'une amie de longue date, sirotant un jus de fruits tandis que d'autres savourent un rosé frais en terrasse, et je comprends alors le changement de regard.
Le mien sur elle, que je prends plaisir à écouter et observer avec bienveillance, le sien sur moi alors qu' elle confie me trouver en forme et radieuse. Cet échange agréable, en toute affection, sans jugement ni a priori me conforte et je réalise alors le chemin parcouru, avant de vous rencontrer toutes, les Femmes Sauvages de Bessèges, puis avec vous qui m'avez tant donné, tant appris au cours des ces 4 journées partagées ensemble.
En cet instant précis, je saisis pleinement la portée de nos échanges, de nos sourires, de nos encouragements, de nos regards, de nos hugs... je sais maintenant que plus rien ne sera comme avant... avant de frotter mon humanité et ma féminité aux vôtres. En toute simplicité, sans ambiguïté... en pleine confiance et complicité.
Je vous suis reconnaissante, infiniment, pour avoir permis à ma vie de s'épanouir, de tendre vers un nouvel horizon qui apparaît prometteur, plein d'espoir et en tout cas, riche et ouvert.
J'espère de tout mon cœur que chacune d'entre vous aura puisé en cette rencontre exceptionnelle de belles racines, de grandes forces pour avancer sur le chemin de sa sauvage, incarnée, responsable et vivante.
J'espère que nous saurons toutes, à notre mesure, poursuivre sur le chemin de nos vies, auprès de nos proches et de la multitude, malgré les douleurs et les joies, avec dans le cœur ce trésor précieux que nous avons pu aborder (ou trouver) toutes ensemble.
MERCI belles femmes.💗 Une nouvelle aventure commence.😺
Je vous embrasse et vous serre contre moi, toutes.
*M:
En rentrant chez moi, j'ai retrouvé ma petite femme sauvage, Ella, 2 ans,
ma source d'inspiration dans sa nudité, sa sincérité et son authenticité naturelles.
Dans la forêt cévenole, j'ai senti la femme sauvage,
Mélanie, la joyeuse, l'enfant,
Celle qui est libre, aimante, rieuse, créative et belle.
Gratitude !
Juste devant l'entrée de ma yourte, au niveau de la porte, j'ai empilé les uns sur les autres les galets recueillis au bord de la Cèze.
J'ai inventé un proverbe zen pour mes enfants afin qu’ils essayent de préserver le calme dans la yourte :
« Si tu renverses les cailloux, c'est que tu es rentré trop vite ! "
*V:
Vous êtes toutes dans mon cœur et je repense souvent à ces instants précieux de simplicité et de sincérité partagés.
Merci, je suis remplie de gratitude. Heureuse de vous connaître et d’avoir vécu cette très belle expérience.
De mon côté je prépare le départ pour Berlin et le temps file à une vitesse…
Hâte de vous revoir et d’avoir de vos nouvelles!
Bon courage à toutes pour cette rentrée dans la jungle...
Des bisous pleins de tendresse.
* C🌸:
Ce qui m'a enchanté, au delà de cet écolieu préservé avec amour,
c'est de m'être retrouvée en chacune de vous, et même d'avoir appris de ce qui me manquait depuis toujours :
vivre cette communion de femmes de différentes générations
dans des instants de vie simple, au plus près de la nature,
au plus juste de nos joies et de nos peines.
Nos vies sont entremêlées de nombreux liens plus ou moins serrés,
laissant parfois des traces indélébiles dans notre cœur ; des liens entretenus avec des femmes devenues des piliers de notre histoire.
Il est plus que difficile de réunir toutes ces femmes que nous aimons profondément, pour des raisons multiples liées à nos existences bousculées et sans repos.
Je remercie infiniment Sylvie pour ce qu'elle nous a permis de vivre et d'exprimer, même en silence, toutes ensembles, femmes sauvages réunies comme un même corps, fertile en cœur et encore.
Merci d'être si belles!
Je surfe encore sur les vagues de notre rencontre, je n'oublie pas vos visages mains rires sourires pleurs chants,
j'imagine le jaune brun teignant le feuillage de Cantoyourte,
j'imagine les fils de notre araignée à la rivière se teintant,
j'imagine les routes sur-lesquelles vous marchez, femmes verticales
oui je sais je suis enthousiasme en pensant à nous / à vous
il ne peut en être autrement, à tout à l'heure et tout de suite dans le cœur,
merci à mes belles amies de Cantoyourte!
Petit texte écrit sur le bout de l'ongle de la main offerte:
texte qui s'emballe tout seul quand on naît femme texte sans emballage texte sans babillage texte sans bagage texte sans virgule texte sans point sans exclamation texte tout court texte qui court devant texte à bout portant texte corps mouvant dansant chantant corps de femme corps de texte nu.
*H :
Lune lune lune lune Bulles de lumière
Perle de sang Sang de nos mères
Sens dans la Terre.
Ce sang qui me / te / nous NousRit
Je Ris Ris Ris Ris
La joie d'être ici , là simplement
Connectées EnSangble Donne du sens à nos vies.
Basculement conscient subconscient
J'entends les échos de la Terre
Ondes du monde cachées dans l'éther
Messages d'Amour TranSangdent la vie
Cette Lune qui nous montre le chemin
Et ce Sang qui coule chaque mois
Sort les maux de la Terre
Catharsis, Catharsis, Catharsis, Catharsis, Catharsis
Cycle de vie, cycle de mort
Régénérer l'Essence EsSangce comme avec du Sang
Du Sens Qui nettoie, purge, récure,
Vivifie, magnifie, gratifie,
La Terre mère, notre mère, nos mères
Nous, toi, moi, Pulsation d’Éther dans nos veines
Vibre, vrille, vacille, vie
*C:
Rencontrer sa femme sauvage, c'est comme éveiller une part de soi qui n'ose pas habituellement se déployer, c'est autoriser à être et à vivre en harmonie avec tous les êtres vivants de la terre. C'est un état d'être à la fois dans le présent mais très fortement relié au passé, à l'histoire de l'humanité, et aussi au futur, car elle défend cette manière de vivre en harmonie avec la terre.
Me connecter à ma femme sauvage, c'est approfondir ma quete de spiritualité,....
quand je l'imagine , je la vois à la fois animale, guerrière,
mais aussi guérisseuse, emphatique et spirituelle. "