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YURTAO, la voie de la yourte.
22 mars 2022

Deux attaques en une demie-heure.

 

Elles descendent des arbres à la queue leu leu, attachées l’une derrière l’autre, en longues bandes de fourrure marron rayée de noir, hérissée de poils urticants. Tout est bon pour atteindre le sol, murettes, branches ou yourtes, et s’y enfouir. Elles veulent de la terre molle et chaude, de préférence dénudée, ce qui correspond aux bords de mes sentiers. Au milieu, c’est trop tassé, au-delà des bords, trop de végétation, en particulier le lierre rampant, alors l’interstice entre les deux, mou et pas envahi, est l’objet de leur prédilection. Sauf que des-fois leurs manœuvres d’enfouissement débordent et empiètent sur mon passage.

De toutes façons, à cette saison, j’en croise quasiment tous les jours, ces processions printanières qui désormais me font prendre la tangente. Du moins quand je les vois, ce qui est loin d’être toujours le cas, car le plupart du temps, elles me captent en premier et je n’ai pas le temps de rebrousser chemin. Je me suis donc fait asperger de leurs poils minuscules, armes cruellement allergisantes, aux effets si peu ragoutants que cette fois, je vais devoir intervenir pour réguler l’invasion.

Ce jour là, je m’affairais à dépecer des branches de pin tombées pour les ranger en petits tas bien calibrés, et ce jour là, toute guillerette des premières vibrations du printemps, stupidement démunie de gants.

Je m’en suis mordu les doigts.

Je n’ai rien vu, mais soudain mes mains se sont mises à flamber, mes paumes à devenir cramoisies, et l’intérieur de mes doigts criblés de plaques rouges. La douleur est vite devenue intenable et s’est étendue à mon cou autour duquel j’avais omis d’enrouler une écharpe. J’ai reconnu immédiatement d’où venaient ces brûlures car malheureusement, ce n’est pas la première fois que je subis une attaque de chenilles du pin. Mais c’est la première fois que je déguste autant. J’ai tout laissé en plan et j’ai couru m’enduire d’huile de lavande. J’ai vidé le flacon.

La douleur augmentant malgré mes massages effrénés, j’ai décidé d’aller marcher au pas de course dans la forêt, espérant me soulager par l’exercice physique et l’air frais.

Cette combine n’a jamais aussi bien marché.

A trois cent mètres du camp, j’ai soudain complètement oublié mes démangeaisons.

Je marchais vite sur la piste forestière lorsque j’ai vu, cinquante mètres devant, un chien émerger du virage derrière lequel je supputais la proximité d’un humain. Le chien s’est arrêté en me regardant fixement, j’ai ralenti.

De taille moyenne, il n’était pas du tout menaçant. Il avait l’air vieux, en assez piteux état, avec de longs poils humides, sales et grisâtres, des moustaches loqueteuses embroussaillées autour de son museau allongé.

Il ne m’a pas impressionné, j’ai continué à avancer alors que le chien décidait de venir vers moi. Ni pressé ni hésitant, il avait l’air tout à fait inoffensif lorsqu’il est arrivé à ma hauteur. Je lui ai gentiment dit bonjour et il a continué en me dépassant sur ma gauche. Je ne me suis pas retournée. J’avais confiance, avec un relent de pitié pour son allure pouilleuse.

Grave erreur.

C’est sans aucun doute la dernière fois que j’ai fais confiance à un chien.

chien minable

J’aurais du faire face à cette bête, comme je l’ai fait quinze jours plus tôt quand un des chiens extrêmement agressifs d’un de mes voisins, ambulancier de son état, m’a attaqué alors que je remontais tranquillement la route menant chez moi.

J’avais remarqué l’ambulancier assis sous un arbre avec ses chiens sans laisse autour de lui, juste au-dessus de la route. Je savais que c’était dangereux pour avoir déjà été attaquée deux fois par ces chiens, mais je ne pouvais plus reculer et il n’y avait pas d’autre accès.

Ce jour là, je n’ai pas eu le temps d’avoir peur quand un des chiens m’a brusquement pris pour cible, a dévalé la pente et foncé sur moi en aboyant comme un fou, gueule exorbitée sur une machoire remplie de grandes dents jaunes. J’ai stoppé net, ma tête s’est vidée brutalement, et tout mon être s’est comme ramassé en lui-même.

J’ai ainsi fait face calmement à la bête démontée exhibant ses crocs en hurlant. Immobile, mains au corps, sans parler, sans broncher. Quand le monstre a voulu me contourner, instinctivement j’ai suivi, pivotant avec lui sans un geste. Je ne le regardais pas directement, ne cherchant pas à l’affronter, je n’étais pas armée. Je ne sais pas combien de temps ça a duré, trop de toutes façons, et heureusement son maître l’a rappelé, le chien a obéi et m’a lâché. Cet homme ( que j'ai connu gamin) ne m’a pas adressé la parole, s’est rassis tranquillement au pied de son arbre, et moi, j’ai décompensé.

Mes jambes se sont mises à flageoler et j’ai eu du mal à regagner mes pénates. C’était la troisième agression subie par ces mêmes chiens. Sans jamais un mot échangé avec le propriétaire. Qui enferme ses méchants cabots vociférants toute la journée dans un enclos derrière l’école, donnant sur une petite rue que j’avais l’habitude d’emprunter, mais où plus personne n’ose engager un pied. Car les chiens sautent le grillage en aboyant de façon démentielle et vous font la course, crocs en avant.

La première fois, je n’ai du mon salut qu’à la fuite à toutes jambes vers l’immeuble voisin où je me suis engouffrée de justesse. C’était quand il y avait encore une porte normale. Depuis, ils nous ont flanqué une énorme porte électronique, si lourde que plus personne ne peut l’ouvrir, dont le système de déblocage par auto-commande ne fonctionne qu’une fois sur deux, condamnant les habitants à passer par les caves. C’est la revanche du bailleur contre les locataires qui ont osé l’assigner au tribunal : tout le monde enfermé, comme dans une prison. Je n’ose imaginer l’état de mes cuisses acculées devant cette porte blindée…

Bon, donc là, je n’ai pas pris la petite rue aux cerbères, ni la route dangereuse, je suis sur la piste, dans la forêt communale, partie un peu trop vite les mains vides pour échapper à la douleur d’une attaque de chenilles, et un chien que je ne connais pas me dépasse sans que je me méfie.

Et ce traître se jette dans mes jambes par derrière et me mord férocement.

Et là, magie ! Sur le coup, je ne sens rien du tout!

Juste une immense stupéfaction d’avoir été surprise à revers par un animal vicieux que j’ai mésestimé.

Je me penche vers ma jambe droite quand arrive au virage le maître du chien, tenant en laisse un autre chien. Il rappelle son clébard. Ce gars là, je le connais de vue, comme je connais toutes les personnes qui viennent balader leurs chiens dans cette forêt. Il est jeune, environ trente cinq ans, blafard, rondouillard, un peu chauve, réservé. Il retient son chien, qui semble m’en vouloir encore, par le collier, s’avance vers moi qui maintenant suis repliée à palper l’arrière de mon genou, car je commence à ressentir l’effet de la morsure. Il me demande :

« Il vous a mordu ? » « Ben oui ! »

Et je vois que le gars ne me croit pas. Je ne vais pas quand même me déculotter devant lui ! Je ne saigne pas grâce à la doublure rembourrée de mon pantalon qui m’a joliment protégé. Je bafouille que je ne comprends pas ce qui a pris à ce chien, je ne lui ai rien fait ! et le gars me redemande si j’ai été mordue. Je suis tellement choquée que je n’ai qu’une envie, rentrer chez moi et pleurer. Je sais que je viens de me faire un nouvel ennemi, et je n’ai aucun intérêt à envenimer la situation. Je n’ai plus d’énergie pour me mettre en colère, ni même demander qu’on soit correct avec moi. Le gars ne l’est pas. Il s’en va avec ses chiens sans une excuse.

J’ai fini par obtenir un certificat du médecin qui a déclaré, devant l’énorme hématome noir en bas de ma cuisse, balafré de deux grosses pointes rouges, trois jours d’ITT ( Incapacité Temporaire de Travail, échelle de mesure de la gravité dune blessure).

Alors c’est vrai, j’ai eu tellement mal d’avoir été mordue par un chien que j’ai oublié avoir été attaquée juste avant par des chenilles.

Mais je veux que ça s’arrête là.

Je ne veux pas qu’un croco m’emporte la jambe pour ne plus la sentir.

Parce que de toutes façons, finalement, les douleurs se réveillent et se cumulent : les démangeaisons ont empiré et la morsure dégénère.

Heureusement maintenant il pleut, l’humidité empêche les poils urticants de s’éparpiller, et les chenilles s’enfouissent pour concocter leur chrysalide et remonter papillons. Alors, dans un mois ou deux, dés les premiers envols, j’attendrais les mâles avec des pièges à phéromones.

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Maintenant que la période de chasse est terminée, après les prolongations odieuses accordées par le préfet du Gard, on peut aller se promener en forêt sans risquer de se faire descendre par une gamine de quinze ans, un vieux sénile ou un poivrot excité, tous armés de flingues augmentés de technologies déloyales. Ouf !

Mais la période des chiens, elle, c’est toute l’année.

Pas de trêve pour les attaques de roquets.

Trois jours après, en allant vérifier la pousse des consoudes en bord de rivière,

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je croise une femme avec deux chiens sans laisse.

Encore traumatisée des agressions récentes, j’ai peur.

Je déteste avoir peur.

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Trois contre un, je me pousse sur le coté,

j’abandonne tout le passage,

14-animaux-avec-leur-parapluie-naturel-13mais quand elle arrive sur moi, je lui demande où sont les laisses de ses chiens.

Elle me toise comme si je l’avais giflé et me répond que ses chiens sont libres et qu’elle ne les attache jamais. Devant cette notion très particulière de la liberté, je baisse mon pantalon et exhibe ma morsure, un gros hématome noir à l’endroit le plus tendre de ma cuisse. Elle change alors de ton, affirmant que le gros chien, c’est une boule de tendresse, mais que le petit, oui il faut s’en méfier. Mais elle n’a rien pour le retenir.

Bon, la consoude sera suffisamment développée la semaine prochaine, mais combien de chiens auront déféquer sur ses jolies petites fleurs jaunes avant que j’en trouve quelques unes d’épargnées ?

On remarquera que, bien que régulièrement confrontée à des animaux, je reste parfaitement consciente que les désagréments infligés ne sont pas de leur faute, et je ne développe aucun ressentiment contre eux. Car les proliférations actuelles, punaises, chenilles, moustiques, sauterelles, chiens et chats, c’est toujours la faute de l’homme, la faute du foutoir de la société lapiniste industrielle, transhumaniste et toujours aussi ringardement patriarcale.

Les mésanges et chauve-souris qui se nourrissent des chenilles processionnaires en défonçant les nids en haut des pins m’ont épargné des attaques massives, mais comme tous les oiseaux, ils sont en voie de disparition, en chute libre dans l’effondrement de la biodiversité.

Quand aux sept millions de chiens du pays, pris en otage par le marché, comme les quinze millions de chats, outre les dégâts environnementaux et le fait que posséder un chien équivaut à une empreinte écologique aussi balèze qu'un gros 4X4, ils sont le triste pendant de la frustration sociale galopante d’une civilisation confrontée à sa désagrégation et au pourrissement des conditions de vie. Cette solitude d’humains proliférants, comme tout ce que détruit le capitalisme pour se perpétrer, est exploitée par les trafiquants et toute la filière des élevages en batterie dont les déchets alimentent les bêtes que l’humain utilise à son chevet.

chien-chine

Lorsque se produira l’inévitable « Black-out », il est une conséquence que le fameux auteur du best-seller du même nom a totalement oublié, obnubilé par la technologie. Quand au bout de trois jours après la grande panne électrique, comme il le prévoit, il n’y aura plus rien à manger dans les super-marchés, que croyez-vous qu’il se passera ???? Nos « meilleurs amis » ne seront plus nourris et deviendront nos pires ennemis en se jetant sur nos enfants, comme ils le font préférentiellement déjà maintenant (selon les statistiques de l'ARS), et il n’y aura pas assez d’armes dans la population pour reprendre le dessus….car un chien qui n’a pas faim mord déjà sournoisement dés qu’on lui tourne le dos, alors on peut aisément imaginer le carnage perpétré par une meute affamée.

En attendant, désormais, je ne sors plus les mains vides, quoi qu’il arrive.

Je sors avec un couteau, un bâton, un appareil photo, une bombe au poivre et un bouclier mental de haine.

Hors de question de vivre dans la peur.

résolue

J’aime les animaux,

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j’hésite même à taper sur un moustique,

mais le prochain qui m’agresse, je le tue.

ours qui défend la femme

 

 

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Commentaires
A
Cette peur affreuse ;-( <br /> <br /> J'en ai les larmes aux yeux de vous lire.
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E
je partage votre colère. et je vous envoie tous mes voeux de guérison.
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J
Oh la la, tu es mal tombée. Je compatis.Je voulais simplement te dire qu il existe des chiens qui sont nos amis,nos confidents et qui donnent plus d amour que certains humains.cela m est arrivé<br /> <br /> Il s appelait Ulysse.C était un grand labrador dont certains avaient peur qd ils ne le connaissaient pas.c était en fait un être admirable qui m aaccompag<br /> <br /> née durant quatre ans et m a tant donné.il est mort octobre 2022 et je le pleure chaque jour<br /> <br /> Voilà je voulais partager avec toi mon expérience,comme tu nous fais partager la tienne.merci à toi🙏
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Y
Ola Sylvie ,<br /> <br /> <br /> <br /> Ca va mieux ? <br /> <br /> <br /> <br /> Pour les nids de processionnaires , personne ne peux rien faire ? <br /> <br /> <br /> <br /> & les chiens , tu peux porter plainte ! <br /> <br /> <br /> <br /> Pour le reste ... je corrobore & solidarité , sauf pour le patriarchat ? <br /> <br /> qu' est-ce qu'il a à voir avec les chenilles et les chiens ? <br /> <br /> <br /> <br /> Sachant que les femmes sont loins d' être innocentes dans la pollution, etc, par la consommation ( le commerce mondial est beaucoup basé sur la psychologie féminine, c'est ce qu'ils / elles enseignent et apprennent à H.E.C. & co ... cf leurs achats de fringues (industrie très polluante, consommatrice d' eau & destructrice environnementale) patologiques , ainsi que nombres de plastiques et autres merdes inutiles qui envahissent les maisons, sans parler de leurs chats ... <br /> <br /> <br /> <br /> Sinon pour huile de lavande, ce n'est pas de l'huile essentielle pure ?<br /> <br /> <br /> <br /> P.S. : derrière beaucoup d'hommes cons , se cachent des mères et/ou femmes perverses, méchantes, dominatrices ... cf Chirac, Sarko, Bush, Bachar al hassad, Poutine , etc .... sans parler des mlilliards d' anonyme silencieux ...<br /> <br /> désolé d' éclairer des réalités occultées .... en n'oubliant pas que diviser pour mieux régner (entre autre femmes et hommes) sert les intérêts des "maitres & maitresses du monde .... <br /> <br /> & par ex. le français le + riche pendant + de 40 ans .... était une Femme (ingrid Bettencourt ) qui a construit sa richesse sur des consommatrices de cosmétiques, et objets de luxe destinés à la panoplie de toutes les femmes de riches et puissants du monde ... qui ne choisissent pâs un smicard , chômeur, ouvrier .... comme homme !!!<br /> <br /> <br /> <br /> Cordialement,
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C
Oh ma pôv Sylvie, comme je compatis !!! Bon courage et protège toi.<br /> <br /> Bisous fraternels.<br /> <br /> Mumu
Répondre
YURTAO, la voie de la yourte.
YURTAO, la voie de la yourte.

Fabriquer et habiter sa yourte, s'engager et inventer un nouvel art de vivre. Vivre le beau et le simple dans la nature.
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