revenu et décroissance
Se définir comme RMIste est détestable,
car cette qualification démontre clairement
que seul le rapport à l'argent octroie
une identité et un statut social .
Or j'estime que chacun devrait avoir le droit
de toucher non pas des miettes d' une assistance sous conditions,
mais un revenu d'existence, ou revenu de citoyenneté,
attribué à tous pour le seul fait d'être né,
et qui serait dans un premier temps financé
par un arasement des plus hauts revenus,
situé à hauteur d'environ quatre fois le revenu de base.
Il s'agit de faire décroitre les inégalités dans un pays
suffisamment riche et saturé de biens de consommation,
et de s'octroyer le temps d'organiser
une distribution plus juste.
Non pour uniformiser, mais pour plus d'équité.
Le revenu d'insertion attribué aujourd'hui
sous contrôles de plus en plus humiliants
est destiné d'abord à condamner ceux qui le touchent
à se satisfaire d'une aumône condescendante
les empéchant de se rebeller contre ce qui les a démuni,
mais ne provient absolument pas d'une volonté
d'égale répartition des ressources et des richesses.
Les tenants du système s'emploient à culpabiliser
ceux qui s' échappent du paquebot néolibéral,
que çe soit volontairement, par lucidité,
ou involontairement, par suite des conjectures fatales du libéralisme,
en cachant soigneusement que le chômage
est le résultat d'une faille structurelle du capitalisme,
qu'il sert de variable d'ajustement aux marchés
et aux spéculations financières.
Ces catégories de population instrumentalisées
pour faire peur aux autres,
les chômeurs, les précaires, les exclus, les jeunes,
les mal logés, les malades, les immigrés,les sans grades,
les victimes de la violence de dictateurs étatiques
ou de tyrans domestiques,
sont designées comme les pestiférés,
les loups hargneux qui se terrent
dans les campagnes et les banlieues,
qui rodent dangereusement aux abords des fiefs féodaux
ou sont claquemurés les riches courtisans
du despote qui nous gouverne.
Nous sommes toujours préts à vous sauter dessus
pour vous délester de vos biens
dés que vous sortez de vos murailles,
au pied desquelles paissent les braves moutons du roi,
levés trés tôt avec leur berger chef d'entreprise,
le tout pour fournir sans lever le nez
les tapis de pied des monarques.
Pauvre, je refuse catégoriquement d'être getthoisée
par un discours catastrophique
dans une poche de gueuserie ou de banditisme
dont le pouvoir se sert comme épouvantail pour effrayer les nantis!
Alors que, de partager cette condition,
je n'ai pas honte de dire que j'en suis fière,
car je n'ai pas une âme d'exploiteuse de mon prochain,
et que la vérité, la fraternité et la solidarité
m'importe plus que des privilèges personnels
accordés sur le dos des plus exposés de mes semblables.