tant de beauté
L'été se termine dans la douceur,
le soleil commence à se liquéfier.
Les petits fruits et les feuilles rentrent en agonie,
s' asséchent en remballant sucs et sèves,
parsemant les abords de la rivière
de couleurs flamboyantes.
L'eau glisse tranquillement
entre les berges qui se dénudent,
transportant les fragiles et éphémères
esquifs bigarrés de l'automne.
C'est l'heure de poser son parachute,
rabattre son parasol,
de fermer son coffre
et remballer son picknik,
l'heure d' engranger sa dernière récolte,
de préparer ses fagots et rassembler ses billes,
l'heure de creuser sa citrouille
pour y loger son âtre,
de vérifier l'étanchéité des bâches,
de rajouter un molleton,
de sortir sa couette,
sécher ses ultimes couronnes de fleurs,
de repeindre ses volets,
de se fabriquer un balai de genèts bien raides,
de déboucher les rigoles obstruées,
d'acheter des sabots costauds,
faire sécher la lessive de draps des invités de l'été.
C'est l'heure de retourner en ville
pour une emplette spéciale,
l'heure de renforçer ses défenses immunitaires,
de chercher un coin tranquille pour se moucher,
pleurer, se curer le nez, péter, roter, se caresser,
l'heure de sortir ses écharpes,
préparer ses petites tenues en grosses laines,
retrouver son chapeau, ses bottes,
ses mitaines et ses guêtres,
rembourrer ses oreillers
et offrir de nouveaux coussins,
pour réver à tout ce qui nous échappe,
exhumer sa panoplie de tisanières au salon,
et se remettre à danser seule devant sa glace,
parce que c'est toujours l'heure de remercier
ce qui permet le renouvellement perpétuel.