Yourtes sous la neige
Dur dur l'hiver cette année!
Comme on se sent petit dans le grand froid!
Moins douze il y a quelques jours, tout figé sur place....
Laisser tuer l'ancien....
Quelques efforts pour voir la vie en rose,
malgré l'hiver, malgré la guerre contre les pauvres.
Quelqu'un s'est exclamé
un jour lorsqu'il a appris
que je rêvais toujours en couleur
que seuls les drogués, les alcooliques et les fous
pouvaient rêver ainsi!
Lui qui ne rêvait qu'en noir et blanc,
il croyait tristement et mordicus
que son manichéisme aride était la norme.
Il me cataloguait handicapée
parce que je voyais la vie en couleur,
il me mettait avec ceux qui voient les fantômes.
Mais ceux là voient autour, l'énergie qui émane,
tandis qu'avec l'immersion dans la couleur,
les yeux vont dedans, dans la substance.
La couleur est sans frontières,
comme la musique, c'est un langage universel.
La couleur, c'est la sensibilité,
le chromatisme délicat des émotions,
le soulèvement et la sensualité de l'âme vivante.
La couleur, c'est la respiration de Dieu:
plus elle est profonde, calme, centrée,
plus elle chatoie de nouvelles nuances,
plus elle ravit le sentiment d'une plénitude exquise.
Abondance de sensations,
incapable de rentrer dans un cadre,
la couleur explose dans l'arc en ciel.
Mais dans la société, voir le beau sous le trop
agit comme un manque, une vulnérabilité,
c'est une différence qui écarte.
Loin de ceux qui vivent dans les gris,
les neutres de l'ombre,
ceux qui doivent aller dans les musées
pour découvrir comment s'attrape la lumière,
qu'ils ne peuvent pas voir dans leur quotidien.
Là ils disent: ce sont des artistes.
Mais si d'autres sans galerie voient,
sans se laisser épingler dans une boite à voir,
alors on met leur subversion dans la folie,
la seule boite ouverte,
qu'ils n'arrivent jamais vraiment à fermer,
la seule boite qui leur résiste.
Pourtant partout, des gens voient la vie en couleur
et sans folie sont engagés
dans l'œuvre de transformation.