accusations d'exister
On voudrait vivre tranquillement comme tout le monde,
même si on est pauvre, même si on consomme pas,
qu'on est plus capable de rentrer dans un super marché,
vivre même si on paye pas d'impôts et pas de redevance télé,
mais qu'on ouvre sa porte aux colporteurs de paix
et aux perdus du système,
vivre tranquille
même si on habite au fin fond de la campagne
sur une friche industrielle abandonnée
et qu'on préfère consacrer ses après-midi à débroussailler
les restanques, les faisses, les bancels,
où nos ancêtres cultivaient la vigne sur une terre saine,
on voudrait vivre tranquille
avec nos panneaux solaires et notre évier dehors,
et sur la table de nuit, nos livres de philosophie,
d'anthropologie et de spiritualité politique,
on voudrait vivre
tranquille en osant inventer
des actes cohérents pour un monde humain et fraternel,
avec de la place pour tous, aussi nombreux qu'on soit,
de l'amour pour tous, un accueil pour chacun,
c'est fou comme le cœur s'élargit quand on le laisse s'ouvrir,
un toit pour tous, un toi pour moi,
quelqu'un ou quelque chose qui m'abrite
parce qu'on est pas des bêtes,
on voudrait vivre tranquillement sa vie
comme on l'imagine, comme on la rêve,
même sans argent, même sans portable,
sans bagnole, sans télé et sans jacuzzi,
même si on se traine plus chez l'AS et l'ANPE,
qu'on glane les champs et les fins de marché,
les fripes de la croix rouge, les salades sauvages,
qu'on chante le matin avec les oiseaux
et le soir autour du feu,
mais non, ils t'accusent
d'être assisté, parasite et paresseux
et en même temps te reprochent
de prendre ta vie en main,
ils t'accusent de vivre sous une tente, dans un camion,
une maison en paille ou une veille ferme retapée,
ils vous fouillent, vous dépouillent,
vous flanquent des gifles et vous fichent,
bien que vous n'ayez guère l'air d'un brigand,
mais l'air respirable que vous avez,
insoumis, libre, insouciant et grave,
ils ne peuvent le blairer,
et nous, on peut plus croire qu'on se fait épingler
au mauvais moment au mauvais endroit,
quand cet endroit c'est ta maison
et ce moment celui que tu as choisi pour être heureux.
Moi j'aurais voulu vivre tranquillement sous ma yourte
mais j'ai encore un procès en ville demain,
c'est Jeudi prochain, au tribunal d'Alès en Cevennes,
je vais encore louper le marché de mon village,
alors je vous dis, serrons nous les coudes,
venez avec moi, ce Jeudi matin à 9 heures,
parce qu'on ne peut pas les laisser faire,
simplement parce que
ce n'est pas juste.
« Si 5% de la population décidait d'autoconstruire son habitat avec des matériaux premiers, d'être autonome en alimentation et énergie, de ne plus consommer mais d'échanger, de recycler et surtout de ne plus recourir aux banques pour emprunter, tous le système s'écroulerait !
On donne des idées à d'autres qui viennent nous voir de partout en France et exportent le modèle solidarité-autonomie-écologie vers leur région...
...Alors la bête (le capitalisme) a peur, elle est blessée (crise financiére, boursiére et bientôt économique), alors elle se défend.
-on embastille ou ruine les faucheurs d'OGM
-on perquisitionne et met à sac la maison d'un producteur de purin d'ortie.
-on crée des fichiers
-on menace les sages femmes qui font accoucher à domicile
-on dérembourse les médicaments homéopathiques avant de bientôt les interdire
-on interdit la culture des légumes anciens au profit des hybrides F1
-on interdit les yourtes
-on empêche les gens de rouler à l'huile
-on interdit l'utilisation des toilettes séches, de l'eau de pluie, l'épuration phytosanitaire
-on vide les squats
-on privatise les services publics, la culture, l'école.
-on empêche la construction écologique
-on envahit une petite communauté et tout un village avec 150 policiers, on fout à bas du lit des nanas à poil, on les menotte dans le dos et on les laissent ainsi debout pendant huit heures pendant qu'on démolit toute leur ferme pour trouver quoi ? un fascicule des horaires SNCF( j'en ai aussi pour éviter qu'on m'oblige systematiquement à passer par la ou je veux pas), du matériel d'escalade (traduisez : une échelle, c'est pas très courant dans une ferme) et deux pinces de forge (normal quand on est forgeron ?)
-et bientôt, l'autoconstruction sera aussi un délit !"
Un auto-constructeur.