S'expulser en dansant: l'arrivée de Sylvana
Partir de rien, écouter qui est là.
Grimper vers les oiseaux, surfer sur nombrils de Vénus.
Quérir aux occupants naturels une petite aire d'atterrissage,
attendre doucement.
Permission acquise,
l'étoile peut débarquer,
déployer ses rayons.
La haut sur la colline, ils sont venus nombreux aider
à monter l'ermitage de toile, le rêve d'une vie.
La haut sur la restanque perchée, ils ont amené leurs bras,
leurs rires, leur amitié, pour que l'aventure continue.
De cercles en cercles,
pierres roulées amassées,
édredons de toits, toiles de peau,
parquet de bal sous pommes de pins dorées,
baguettes de bois tricotées en arches célestes,
fagots en dominos, vanneries cherchant jupes chaudes,
arcs en ciel de laine chutée d'ouvrages domestiques,
habits de dessous rayés comme des pyjamas,
patchworks de lumières ouatinées,
mandalas tressés au bord du vide,
kaléidoscopes des voutes sylvestres,
sur ce nouveau monde, la danse envahit le nid,
l'abri de mes derniers jours.
Valse d'adoration, célébration, gratitude.
La yourte frémissante ouvre les yeux sur la forêt,
calée entre pins, châtaigniers,
bruyères arborescentes et fougères géantes.
Que de beauté ici, et quelle joie d'y être invitée!
Mots d'amour, mots d'adieux, agenouillements..
Laisser au quai les mémoires des lieux hantés,
les veilles quittances.
Quatre ans que j'entends la petite voix qui, à travers les limbes,
a crié mon nom et puis, pardon.
Vibrations du tympan aux aurores,
avant de donner sa figure aux humains.
Les endroits où j'ai pleuré, remballés.
Là, refuge minéral à l'orée des entrailles de la terre.
Comme le pollen qui jaunit le monde de sa fécondité
avant de s'évaporer,
immersion en confidence
dans l'antre de la fée des métamorphoses .
Et toujours la couronne dans mon bol,
diamant éternel du présent.
Accrochée à la pente, contemplation infinie.
Sur tous les versants ouverts de l'âme,
flots de reconnaissance.
Merci aux humains sans armes,
Merci à la vallée, au soleil, à la pluie, aux arbres,
merci aux enivrants tubes parmes du paulownia!
Premier jour, petite couleuvre
Deuxième jour, scorpion.
Troisième jour, chevreuil.
Première nuit, sangliers et blaireau.
Deuxième nuit, pleine lune et rossignol.
Troisième nuit, choc du parapluie tombé sur les pierres,
et, sur le chemin, œuf percé, fraichement éclos.
Troisième matin, trois restanques plus haut,
masse au poil gris assise sur son séant, pattes de devant raides,
tête ronde, oreilles pointues, regard attentif, calme,
droit dans mes yeux.
Jauge curieuse de chacun: «T'es qui, toi?»
Sourire, marche d'approche en biais.
Le lynx se lève, et, tranquillement, croupe cambrée royale,
s'en va derrière la bruyère en fleurs.
Dans les éboulis de la falaise, tanières ignorées des chasseurs,
grottes et cryptes sous roches abritent la dernière faune sauvage,
mes nouveaux voisins.
Que de monde ici; quel ravissement de les rencontrer!
Maintenant, le seringa qui explose.